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L’alliance public-privé
L’alliance public-privé

Par Abdou B. La Tribune. Jeudi 15 février 2007

Partout dans le monde, essentiellement dans les pays développés où les industries et l’économie sont performantes, agressives de jour en jour, les relations entre la culture, les espaces démocratiques au plan politique, la liberté d’entreprendre et des législations incitatives sont balisées et transparentes.
L’économie de marché appliquée aux industries culturelles peut être conciliée avec la courbe des investissements, les bénéfices financiers, la rentabilité éducative et la satisfaction de besoins immatériels des citoyens. L’ensemble constitue une stratégie dont les liants seraient une planification chiffrée, la recherche et l’expérimentation, des infrastructures et des activités réparties entre les secteurs privé et public.
A la base, et c’est fondamental, il y a la nécessaire volonté politique consensuelle, prise en charge par le pouvoir et l’opposition. Il y a clairement définies et enregistrées toutes les obligations que doivent assumer les pouvoirs publics. Ces derniers sont initiateurs et comptables pour l’avenir du rayonnement de la culture nationale avec tout ce qu’elle produit en amont et en aval, y compris dans toutes les démocraties, hormis les Etats-Unis où il y a un capitalisme propre à l’histoire des Américains. La responsabilité de l’Etat, et non pas du seul ministère de la Culture, est pleine dans l’identification et la création de sources de financement, des compétences consensuelles et de la place que doit prendre l’initiative privée. En dehors des secteurs qui sont de la seule prérogative de l’Etat comme le sont les musées, la formation de pointe, le patrimoine sous toutes ses formes, l’audiovisuel public, les aides au cinéma, la conservation sur tous les supports, les conservatoires nationaux, l’opéra, le ballet, etc. Dire aujourd’hui que le pluralisme culturel est une réalité ne suffit pas.
Soutenir l’idéal démocratique et les vertus républicaines par la déclaration incantatoire au JT ou dans un meeting ne suffit pas. Solliciter le wali ou l’administration en dehors de la loi revient à maintenir de manière factice et éphémère de vieilles habitudes et pérenniser une gestion rentière autour de l’inauguration d’un festival, d’un premier tour de manivelle ou d’un colloque juste bons à fournir des minutes au journal télévisé. Imaginons l’embarras d’un ministre dans un pays où se produisent, chaque année, des centaines de concerts, de films, de livres, de pièces, de téléfilms, d’expositions… Que va-t-il inaugurer ?
Dans la production culturelle et artistique, l’entreprise privée est vitale. Cependant, elle ne dispense pas l’Etat de ses missions de service public ni de ses obligations législatives, réglementaires et financières pour le soutien continu, le développement, la diffusion et le rayonnement de la culture.
Dans une démocratie où la culture a une place déterminante comme fondement, champ symbolique et fédérateur des diversités, comme industries et respiration sociale, son importance est proportionnelle à son budget et au nombre et à la qualité des lois qui l’organisent. Les gouvernants procèdent par deux actions qui caractérisent l’exercice du pouvoir et l’Etat de droit. La première consiste en des options stratégiques qui touchent les secteurs privé et public. Elles sont présentées sous forme de lois soumises au débat dans la société mais fondamentalement au Parlement à qui revient le dernier mot. Ces lois sur le long terme révèlent un choix de société majoritaire, des ambitions tournées vers l’avenir et la modernité, des orientations économiques et l’insertion dans l’universel. Elles transcendent les alternances politiques pour ce qui est de l’essentiel. Il y a ensuite, pour la sphère publique, le choix des compétences et une batterie d’adjuvants : organigrammes – plans de travail – cahiers des charges – conseil d’administration – objectifs planifiés et financés – contrôle et sanctions dans les deux sens, etc.
A l’observer, dans la gouvernance actuelle, certes handicapée par la gestion d’années meurtrières qui ont grandement disloqué le champ culturel, il y a comme une tendance à ne faire reposer les efforts et à orienter toutes les critiques qu’en direction du département ministériel en charge de la culture, des arts, du patrimoine matériel et immatériel et de tout ce qui touche à la création. Les passerelles avec le secteur privé, le gros mécénat, la coopération pensée avec les pays étrangers, des lois et règlements qui réduisent et rassurent l’investissement sont à imaginer.

A. B.
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