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Entre des festivals à la qualité discutable, le vide sidéral
Quand le ministère de la Culture entretient des vitrines culturelles

Par : Hassan Gherab. La Tribune. 02.01.2012

«On se fait un ciné ? » Voilà une question qu’on est pas prêt de réentendre en Algérie, parce qu’il n’y a plus de salles de cinéma ni de productions cinématographiques nationales qui pourraient faire tourner la machine. Quant aux films étrangers, l’absence de salles et les tracasseries administratives ont eu raison des quelques distributeurs qui croyaient et voulaient relancer la cinéphilie.

L’avènement des supports numériques qui ont fait rentrer le cinéma à la maison, ont donné le coup de grâce au 7e art.

Le 4e art, sans être complètement hors service, n’en est pas moins réduit à la production d’un ersatz de théâtre. Des pièces sont produites, des festivals sont organisés, mais ça tourne en interne. A l’exception des pièces pour enfants, le public est constitué principalement par la famille du 4e art (les gens de théâtre et leurs amis ainsi que les étudiants de l’Ismas - qu’on ramène par bus) pour les représentations et par les festivaliers et invités pour les festivals. Même topo pour les expositions, les spectacles de danses, quand il y en a.
Et c’est là que se situe le nœud gordien. La culture en Algérie n’est que rendez-vous, au lieu d’être cette compagne de tous les jours.

La politique d’animation culturelle est construite essentiellement autour des festivals institutionnalisés par le ministère de la Culture pour entretenir l’illusion d’une vie culturelle. Toutes les régions du pays sont servies. Les grandes villes, majoritairement, ont chacune sont festival local, national, régional ou international. Certaines, comme Alger, Oran et Constantine, en ont même plusieurs.

Pour autant, pourrait-on affirmer que les Algériens ont de la culture à tous les coins de rue, tous les moments de la journée et 12/12 mois? La question n’est en fait qu’accessoire et ne nécessite guère une réponse qui est une réalité vécue partout et par tous.

Il y a beaucoup de festivals, certes, mais ça ne remplit pas les 365 jours de l’année, les 48 wilayas et les 1 541 communes du pays. Résultat, entre un festival et un autre, il n’y a rien, le vide qu’on tentera des fois de remplir avec du bric et du broc qui fera illusion.

Entre ces pics événementiels, il y a beaucoup de jours sans, de vides, le néant et le désert. Or, c’est ces vides qui devraient constituer le terrain d’action d’un ministère de la Culture ayant une véritable politique culturelle où la promotion des cultures locales et la socialisation de la culture constitueraient des axes majeurs. Un festival, c’est bien, mais ce n’est pas une fin en soi.
Un festival ne se décrète pas.

Il naît de la conjonction et la cristallisation de créativités autour d’une philosophie, d’un concept ou d’un idéal.
Un festival créé par décision politique est voué à l’échec s’il est maintenu sous cette même tutelle et régi par elle, ce qui est le cas de tous nos festivals dont une bonne partie n’arrive pas à décoller et ne décollera jamais tant que la médiocrité et/ou l’incompétence sont aux commandes. Et les exemples de festivals collectionnant les ratages et les lacunes sont légion, même si certains organisateurs s’arrangent pour présenter une image de réussite, que le ministère de la Culture cautionne. L’exemple le plus déplorable de cette caution ministérielle qui ignore superbement toutes les appréciations et critiques, nous a été donné par la première responsable du secteur, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi. Sollicitée par notre confrère l’Expression pour donner son avis sur le Festival d’Oran du film arabe (Fofa), dont l’organisation comme la programmation a enregistré des couacs impardonnables relayés par la presse, la ministre se fendra d’une réponse dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle est inconvenante. «Je ne lis pas les journaux, je n’ai pas le temps […].
Vive Mme Hankour (directrice de wilaya de la culture et commissaire du Festival du raï de Sidi Bel Abbès, Ndlr) et vive Mme Moussaoui (directrice de wilaya de la culture d’Oran et commissaire du Fofa, Ndlr), elles font un excellent travail […]. Je n’ai jamais fait un festival pour vous et pour les journalistes... Au risque de vous décevoir, je fais un festival pour les cinéastes, tous métiers confondus et le public.
Vous n’êtes ni cinéaste ni public. A partir de là, moi je juge le travail de mes cadres sur cela», dira Mme Toumi.

Qui doit juger, objectivement, de la réussite d’une manifestation ? Certainement pas les organisateurs. Ni les journalistes, embedded ou non. Le public et les participants ? Non plus. Car, il faut garder en vue que le public, dans un pays sans culture, n’est pas toujours connaisseur et ne peut donc constituer le baromètre de qualité, alors que les participants sont concurrents, même si le festival n’est pas compétitif, pouvant donc être par trop critiques entre eux et thuriféraires vis-à-vis des organisateurs qui les auront invités.

La bonne appréciation serait donc un juste mélange des avis de tous, sauf s’il y a unanimité ou majorité.

Quand presque tout le monde s’accorde à dire que la manifestation est réussie c’est qu’elle l’est. Mais si elle est qualifiée de ratée, au lieu de s’arc-bouter et de camper sur ses positions, il serait plus judicieux de voir où ça coince et d’enlever le grain qui freine ou bloque la bonne marche de la machine.
Ce n’est pas en brisant le miroir qu’on changera l’image qu’il renvoi.

Hassan Gherab


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