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Editorial - El Watan Week End
« Sous le haut patronage...»

Par Dr Ammar Kessab*

En cette année hautement symbolique de commémoration du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, des pratiques dans le secteur culturel, que je qualifierai de « dangereuses », font planer une menace certaine sur le devenir de notre culture, avec tout ce qu’elle porte comme fondements de l’identité algérienne.

Parmi ces pratiques, la politique de « patronage » sur l’ensemble des évènements artistiques et culturels, constitue sans doute l’un des dangers les plus nocifs pour la création dans notre pays.
En effet, un évènement artistique ou culturel, présenté sous le haut patronage de telle ou telle personne, c’est en réalité donner un caractère « personnifié » aux œuvres exposées elles-mêmes. Une façon de dire que ces œuvres n’auraient jamais pu être exposées, ou même exister, sans cette personne. Or l’art est impersonnel, et l’œuvre n’appartient même pas à son propre auteur une fois exposée au public.
Ainsi, artistes, écrivains et autres créateurs, ont une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes : soit ils acceptent de participer à ces évènements « sous le haut patronage de… », et leurs œuvres sont de ce fait indirectement contrôlées, soit ils n’y participent pas, et c’est l’isolement total pour eux car point de secteur culturel indépendant en Algérie.
Dans ce premier cas de figure, le créateur ne peut proposer qu’une forme « admise » de son œuvre qui plait –ou plairait– au « patron », ce qui est en soi une atteinte à la liberté d’expression artistique, garantie par la Constitution Algérienne de1996 dans son article 38. De ce fait, quand un film est censuré dans tel ou tel festival, ou un livre dans tel ou tel salon, c’est parce que l’artiste ou l’écrivain n’a pas respecté les règles. Et les cas de censure dans le cinéma et le livre sont nombreux.

Ce que les responsables de la culture en Algérie ignorent peut être, c’est qu’on ne peut parler de patronage que si l’argent utilisé était privé, et que même dans ce cas, on parle de « mécénat » ou de « sponsoring » pour éviter d’utiliser un terme devenu trop péjoratif. Utilisé ce terme pour les évènements organisés par une autorité publique algérienne est forcément antirépublicain, car les fonds utilisés appartiennent au peuple.
Ce qu’ils ignorent peut être aussi, c’est que cette politique de patronage était une arme redoutable de la colonisation française en Algérie –surtout entre 1945 et 1962–, qu’elle utilisait tous azimuts pour « contrôler » les « indigènes », et pour censurer toute expression artistique libre appelant à la liberté du peuple Algérien.

Les autorités en charge de la culture feraient mieux, avant qu’il soit trop tard, de « lever leurs mains » sur le secteur culturel, et laisser les artistes s’exprimer librement, loin de tout patronage pervers.


*Expert en Politiques Culturelles
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