Action Culturelle Algerienne
 
 
Navigation
ACCUEIL
ARTICLES
ACTUALITÉ CULTURELLE
GESTION CULTURELLE
RÉFLEXIONS/TRAVAUX
INTER-RESSOURCES
LIENS
CONTACT
QUI SOMMES NOUS ?
RECHERCHE

Pour une meilleure gestion des budgets de la culture
Par : Louise Sarant. El Ahram Hebdo, Semaine du 1 au 7 juillet 2009, numéro 773.

Politiques Culturelles.
Al-Mawrid Al-Thaqafi lance une vaste enquête pour permettre aux pays arabes du pourtour méditerranéen d’en faire un bilan sans concession, données chiffrées à l’appui.

En tout ils sont 16. Huit binômes d’enquêteurs, issus de huit pays arabes depuis la Syrie jusqu’au Maroc, chargés de récolter des données, d’analyser et enfin de soumettre leur rapport sur la politique culturelle de leurs pays respectifs. Vaste chantier que vient d’ouvrir, il y a un mois de cela à Beyrouth, Al-Mawrid Al-Thaqafi (ressource culturelle, association culturelle arabe), encouragé par une volonté de l’Union européenne d’étendre la recherche culturelle aux pays arabes en bordure de Méditerranée. Les politiques culturelles de la Syrie, du Liban, de la Palestine, de la Jordanie, de l’Egypte, de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc vont être passées au crible. Cette enquête a ceci de global qu’elle va s’attarder sur le fonctionnement, la programmation et l’impact sur la culture de grandes structures affiliées au ministère de la Culture de chacun de ces pays, tout en englobant dans le même temps les édifices culturels plus modestes, voire tout petits, financés publiquement ou dépendant du mécénat et du lobbying. Les enquêteurs sélectionnés sont tous des professionnels de la culture et des personnalités se frottant au monde de la culture, à ses contradictions tout autant qu’à ses limites. Du Maroc à l’Egypte, de l’Algérie à la Syrie, un premier constat s’impose, consternant et sans appel : il n’y a pas de politique culturelle à proprement parler. Menha el Batraoui, critique de théâtre égyptienne, annonce la couleur sans tergiverser : « Il n’y a pas de politique culturelle en Egypte. Tout se fait par à-coups ». Makhlouf Boukrouh est un enquêteur algérien. Il fait le même constat que sa collègue égyptienne : « En dépit de financements importants, le résultat au niveau qualitatif et quantitatif demeure faible, car l’activité culturelle se caractérise par sa dépendance aux exigences conjoncturelles et prend le caractère d’activités occasionnelles ». Monsieur A. Kessab, commissaire aux comptes algérien et expert en politique culturelle, déplore lui aussi cette absence de vision claire, en apportant un début d’explication. « En dépit d’un effort substantiel au niveau du budget alloué à la culture, qui s’élève à 272 millions de dollars en 2009, nous manquons cruellement de gestionnaires compétents et de professionnels de la culture aux postes sensibles. Car ce budget, conséquent et plus important que celui de nos voisins du Maghreb, a besoin d’être utilisé à bon escient et optimisé », dit-il.
De ces entretiens avec plusieurs responsables de l’enquête, il ressort qu’il manque dans le monde arabe de vrais professionnels de la culture compétents pour les placer à des postes-clés. el Batraoui déplore cet état de fait, qu’elle impute « au copinage, qui rend difficile l’accession des personnes compétentes aux postes qu’elles méritent. Tout se passe en Egypte au niveau informel, y compris dans le milieu de la culture, et c’est de transparence dont cette grosse machine a besoin ». Au Maroc, c’est pratiquement dans des termes identiques que ce constat est formulé par Sallam Al-Ghayam, enseignante-chercheuse en sociologie du théâtre et de la culture. Elle affirme que « le point faible de la politique culturelle au Maroc est le manque de spécialistes de la culture ayant reçu une formation spécifique dans le domaine du management culturel et de l’animation ». Kessab s’accorde avec sa collègue marocaine en exigeant l’intensification des formations universitaires orientées vers le domaine culturel.
A ce stade de l’enquête, toute tentative de comparaison poussée entre les politiques culturelles des pays du maghreb et du machreq serait cependant prématurée, estime Boukrouh. « Il est difficile d’établir une comparaison à cause du manque d’observatoires capables de collecter et d’analyser des données sur l’état des politiques culturelles arabes ». L’initiative du Mawrid est d’établir un bilan clair des activités culturelles dans le monde arabe et de mettre en lumière leur gestion. « Cette enquête n’a pas pour finalité une normalisation des relations et une entente améliorée entre les pays arabes, selon Kessab. Il s’agit avant tout d’un travail purement technique et méthodologique qui va aider les pays concernés à repenser leur politique culturelle ». L’enquête, qui est dans sa phase préliminaire, devrait prendre fin d’ici trois ans et révéler une analyse approfondie de ces politiques culturelles, couplées d’une évaluation de l’application des outils et méthodes techniques des pratiques culturelles de ces pays arabes. En clair, l’objectif à terme est de mettre en pratique des mécanismes permettant l’observation et l’analyse des politiques culturelles dans le monde arabe. Toujours selon Kessab, si ce rapprochement culturel se fait sans volonté politique, il se limitera à quelques initiatives privées sans grand écho. Cet avis n’est pas partagé par Al-Ghayam, qui espère que l’initiative du Mawrid aboutira à une connaissance en profondeur des sociétés arabes, grâce au vecteur culturel. « Combien y a-t-il d’échanges culturels entre nos peuples ? », s’interroge-t-elle. « De quel caractère, de quel type sont-ils ? ». « Il faut une vraie révolution, car le problème entre nous, Arabes, est qu’on ne se connaît pas », poursuit-elle. Voilà peut-être, formulé en une si courte phrase, le défi majeur auquel les différents pays arabes sont confrontés aujourd’hui : la connaissance mutuelle.

Louise Sarant
Commentaires
Aucun Commentaire n'a été posté.

Ajouter un commentaire
Veuillez vous identifier avant d'ajouter un commentaire.

Evaluation
L'évalutation n'est disponible que pour les membres.

Connectez-vous ou enregistrez-vous pour voter.

Aucune évaluation postée.

Derniers Articles
تاž...
Les co-productions A...
ندا...
Conseil National des...
FDATIC

Connexion
Pseudo

Mot de passe