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L’activité muséale prend son essor |
Quand le musée devient vitrine culturelle.
Par : Nasser Hannachi. La Tribune. 26-02-2009
Ouvert au grand public le 15 avril 1931, le musée Cirta de Constantine recèle un trésor retraçant le passé lointain de toutes les civilisations qui sont montées à l’assaut du Vieux Rocher. Cependant, les collections du musée ne sont que des échantillons des richesses patrimoniales existantes, livrées souvent aux vandales, aux voleurs et aux aléas de la nature. Cette multiplication de vols à travers le territoire a d’ailleurs interpellé les pouvoirs publics qui, en plus des actions sur le terrain, encore insuffisantes, faut-il le signaler, s’efforcent de sensibiliser les citoyens et les responsables locaux quant à la nécessité de préserver le patrimoine. C’est dans ce cadre qu’est programmé, en marge du Mois du patrimoine (18 avril-18 mai), «une journée d’étude sur la sécurisation des biens culturels». Dans cette optique, la direction du musée Cirta a élaboré un programme transmis au ministère de la Culture il y a à peine deux jours. Ce programme prévoit, entre autres, l’organisation d’une journée d’étude et de sensibilisation sur la sécurisation du patrimoine culturel avec les corps constitués et les médias. «C’est dans le but de sensibiliser davantage sur le pillage des biens archéologiques et du patrimoine que l’on a émis le vœu de se pencher sur le sujet», explique la directrice du musée qui ajoutera : «Etant donné le pillage auquel font face ces derniers temps nos biens culturels il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme pour y mettre fin. Les corps constitués seront éclairés davantage sur la nature de ces richesses volées. Dans cet objectif, des archéologues et des experts viendront animer des débats.»
La couleur est désormais annoncée : les musées vont s’impliquer dans la «sécurisation du patrimoine». Mais, bien avant cela, une très importante étape aura été matérialisée.
C’est l’inventaire des biens du musée. Au 31 décembre 2008, pièces archéologiques et autres objets d’art étaient intégrés dans un inventaire détaillé. «L’inventaire étant la caractéristique somme toute élémentaire mais indispensable dans un musée. Sans quoi ce dernier serait amputé de toute sa vocation», dira la directrice, indiquant que «l’opération s’est déroulée selon les normes scientifiques et académiques régissant le domaine, et ce, conformément au décret promulgué par la tutelle». L’inventaire s’est fait de manière pointilleuse. Tous les objets des collections exposées ou dans les réserves ont été photographiés.
Il en ressort une section de 14 617 pièces archéologiques, 396 des beaux-arts et 861 ethnographiques. 36 716 «bijoux» font l’objet d’un autre inventaire au niveau des deux salles de réserves fraîchement aménagées. Deux archéologues veillent au tri de ces merveilles qui, malheureusement, ne seront pas exposées faute d’espace. «Il leur faut un ‘‘Cirta bis’’ pour pouvoir exposer toutes les pièces», dira un responsable. Au chapitre de ses activités principales, le musée joue le rôle de pédagogue notamment au profit des établissements scolaires. En extra-muros, à longueur d’année, il envoie sa «valise muséale» chargée d’histoire dans les écoles des zones enclavées, atteste notre interlocutrice. Toutefois, le musée ne désemplit presque pas quotidiennement. Des visites guidées sont dispensées aux élèves chaque lundi sans compter la venue d’étrangers même en petit nombre aux côtés des autres citoyens de l’Algérie profonde. Pour l’année 2008, on a enregistré 6 460 visiteurs. «Notre but demeure l’accroissement de ce nombre en recourant à des innovations qui résulteront de la sensibilisation.» Pour ce faire, l’association des Amis du musée apporte une contribution pédagogique significative. «Atteindre tous les âges reste notre objectif», révèle la directrice.
Au plan des finances, le problème ne semble pas se poser, le budget de fonctionnement étant assuré par le département de Khalida Toumi. Mieux, le musée parvient à alimenter, chichement, sa tirelire grâce aux recettes quotidiennes des ventes de billets d’accès et des reproductions de quelques objets en cartes postales. C’est une bagatelle, que la responsable juge relativement appréciable. Il reste à espérer que l’exemple de Cirta sera généralisé et que tous les musées existants et ceux à venir deviennent de véritables vitrines culturelles capables d’accrocher le regard du citoyen lambda, quitte à aller le chercher à travers l’intensification des activités extra-muros et l’élargissement de leur horizon pour embrasser toute la société… C’est toute une politique où la gratuité de l’accès aux musées défendue par certains responsables ne serait qu’un maillon.
N. H.
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