Constantine : après le Printemps théâtral, les incertitudes
Constantine : après le Printemps théâtral, les incertitudes
La Tribune. (09/04/2008)
Dix jours durant, le 4ème art a été rétabli dans son droit de cité à Constantine grâce au 4ème Printemps théâtral clôturé dimanche dernier. Mais les feux de la rampe éteints ont resurgi les vieux questionnements et l’éculée problématique du devenir du théâtre en Algérie. Antar Hellal, comédien du Théâtre régional de Constantine (TRC), dira qu’il y a comme un «frémissement» de renouveau, mais il en est encore à ses premiers «balbutiements» et a donc besoin d’être encouragé et soutenu pour prendre réellement racine. L’artiste cite pour l’exemple le cas de Azzedine Abbar qui s’est imposé lors de ce printemps avec la mise en scène de deux productions, le Pêcheur et le Palais (TRC), Stop obligatoire (TNA) et une collaboration pour la Poudre d’intelligence (Sidi Bel Abbès). Les trois pièces ont reçu un excellent accueil du public. Dans la dernière pièce mise en scène par Assous Ahcène, on a pu remarquer un «effort louable d’aller vers un théâtre moderne basé sur le spectacle et la chorégraphie», dira Antar Hellal qui regrette cependant «l’absence de grands chorégraphes professionnels qui auraient pu donner au spectacle une dimension autrement plus importante».
Les espoirs apportés par des jeunes qui ont «acquis une autre vision leur permettant d’avoir une approche plus moderne et plus actuelle du théâtre ne font que poser la question lancinante de la refondation du théâtre algérien dont tout le monde parle aujourd’hui», dira M. Hellal. D’autres professionnels du théâtre, qui voient en cette manifestation une des rares, sinon l’unique occasion de recevoir au TRC des productions des autres régions du pays, se sont dits, pour leur part, «inquiets» quant à son devenir si elle n’est pas institutionnalisée. «Qui peut garantir que demain la commission culturelle de l’APC, dont dépend actuellement le financement du Printemps théâtral, aura les mêmes disponibilités financières et les mêmes dispositions pour assurer la prise en charge de la manifestation comme elle l’a fait jusqu’à présent ?» demanderont des professionnels comme Allaoua Zermani et Djamel Dekkar. C’est en fait la question du financement de la culture qui est posée, et la réponse à cette question est dans la politique même qu’on élaborera pour la culture.
Selon un jeune Constantinois, cette manifestation a prouvé que le théâtre n’a rien perdu de son attrait auprès du public, malgré l’absence handicapante d’une grande salle de spectacle dans la ville de Constantine, et pourquoi pas un deuxième théâtre qui soulagera la pression s’exerçant sur le seul existant, qui se révèle trop exigu et ne pouvant contenir tous les citoyens désireux de profiter de cette occasion offerte une fois l’an de voir des pièces.