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En feuilletant les jours
Arts & Lettres. El Watan (01/11/2007)
L’image du Sila reste marquée par son ancêtre, la Foire du livre, où l’on se contentait de vendre et d’acheter. Son programme d’animation mérite pourtant le détour.
LE LIBAN, INVITé D’HONNEUR
Le pays du Levant est aussi un pays du livre. On lui doit les premiers développements de l’imprimerie dans le monde arabe. On lui doit, du fait de la diversité séculaire de ses communautés, des capacités extraordinaires de traduction qui permirent à l’arabe de reprendre langue avec d’autres cultures et sources, après la décadence du monde musulman. On lui doit aussi de grands écrivains, comme le mythique et mystique Khalil Gibran Khalil (1883-1931) dont Le Prophète demeure, à ce jour, l’un des livres les plus traduits au monde. Non moins universel et plus contemporain, Amine Maalouf qui compte en Algérie un fan-club que lui envierait une galerie de supporters. En dépit de toutes ses difficultés, le Liban reste un pays-phare de l’édition dans le monde arabe. . Bravo pour cela mais couac pour l’anonymat des participants à la rencontre qui lui est consacrée (3 nov. à 14 h), le programme signalant comme intervenants « des journalistes et auteurs libanais ». On se doutait bien qu’ils ne seraient ni plombiers ni péruviens.
LES TÊTES D’AFFICHE
Quelques personnalités du monde des lettres seront présentes au SILA. Parmi elles, le grand poète marocain Abdellatif Laabi qui donnera une conférence le jeudi 8 novembre à 15 h. Cet auteur, né en 1942 à Fès, a atteint une envergure internationale indiscutable. Son parcours de contestataire, forgé lors des émeutes de Casablanca, se traduira, un an plus tard, par la création de la revue Souffles qui demeure une expérience unique au Maghreb de revue littéraire et culturelle indépendante. Les numéros de la revue servirent à le condamner en 1973 à 10 ans de prison pour complot. Mais c’est surtout par son écriture limpide et majestueuse, qui s’est étendue aussi au roman, que sa réputation universelle s’est formée. Aujourd’hui, 1er novembre, tout symboliquement, Me Jacques Vergès rencontrera le public à 16h. Il était déjà présent en nos murs la semaine dernière pour la présentation, en avant-première algérienne, du film consacré à sa vie, L’avocat de la terreur de Barbet Schroeder. Ne pas oublier qu’il est aussi un avocat-écrivain, à l’image de notre ancêtre Apulée, et qu’on lui doit près de 25 ouvrages. En robe noire toujours, Me Gisèle Halimi, toujours aussi sémillante, mais cette fois en ses habits de romancière. Auteur d’un remarqué et controversé roman historique sur La Kahena, remarqué roman pour son atmosphère et son succès éditorial et controversé sur divers aspects historiques, dont la judaïté du personnage. Autant de questions à lui poser le 8 nov. à 14 h avec, sans doute, toute la considération qui lui est due pour son engagement admirable pour l’indépendance de l’Algérie. Parmi nos écrivains vivant à l’étranger, ne seront présents qu’Anouar Benmalek, Yasmina Khadra, Amar Lakhous, Waciny Laaredj et Malika Mokeddem.
DéFeCTIONS ET SIGNIFICATIONS
Le grand islamologue algérien, Mohamed Arkoun, dont l’ouvrage Humanisme et Islam sort au cours de ce SILA (Ed. Barzakh), ne viendra pas finalement à Alger expliquer, comme il l’écrit, pourquoi « le champ de l’intellectuel arabe au Xe siècle était plus libre que le nôtre aujourd’hui ». Est-ce cette raison qui aurait motivé son revirement ? Parmi les absents, celui qui était attendu comme une star de la rencontre, l’écrivain égyptien Ala Al Asswany, que son roman L’immeuble Yacoubian, transposé au cinéma, a propulsé au devant de la scène littéraire mondiale. Pour ces défections de dernière minute, les deux ont invoqué, selon une source proche à l’organisation du SILA, des « raisons strictement personnelles ». Au delà du fait, il est certain que la qualité d’un Salon du livre ne se mesure pas au nombre de personnalités présentes. Il reste que la présence ou l’absence de têtes d’affiche relèvent le degré de notoriété d’un Salon. Cela peut signifier notamment que si la participation internationale s’est considérablement renforcée, relevant que l’Algérie est un marché potentiel du livre qui attire les opérateurs étrangers, il lui reste à se forger une image plus forte et plus visible dans la compétition féroce que se livrent les pays et villes organisateurs de rencontres similaires.
LE PRIX DES LIBRAIRES
Mercredi 7 novembre, à 13 h, aura lieu la remise du prix des Libraires, décerné par leur association, l’ASILA. Il doit revenir, cette année, à Rachid Boudjedra, dont l’œuvre magistrale a été reconnue, dès ses débuts, comme un moment dans l’histoire de la littérature algérienne. L’écrivain a signé cette année aux éditions Dar El Gharb (Oran), un roman Hôtel Saint-Georges, tandis que l’ANEP publie onze de ses livres traduits en arabe et disponibles sur son stand au SILA. Il est à noter qu’avec seulement deux prix littéraires notoires, celui des Libraires et le prix Ali Maachi, décerné par le ministère de la culture, l’Algérie fait figure de parent pauvre. N’y-a-t-il pas place en Algérie pour plusieurs prix ? A noter la rencontre Mécénat et prix littéraires par l’association Al Djahidhia et la fondation Mohammed Dib (7 novembre à 14 h).
LES THèMES DU SALON
Placé sous le générique « Libertés et imaginaire » (pourquoi pas de pluriel à imaginaire ?) ainsi que sous les auspices de l’évènement « Alger 2007, capitale de la culture arabe », le SILA développe plusieurs thèmes de rencontres et d’échanges. L’imaginaire et le patrimoine musulman, explorera les domaines du merveilleux en terre d’Islam (Les Mille et une nuits, etc.) et leur influence sur la littérature universelle (2 novembre à 16h30). Le roman algérien d’expression arabe (5 novembre à 15 h) et La littérature arabe contemporaine (idem, 17 h) viendront compléter la rencontre consacrée à l’écrivain Rédha Houhou en tant que précurseur du roman arabe au Maghreb, dénomination injuste car il le fut également au Machreq, ayant écrit son premier roman à la Mecque et étant reconnu aujourd’hui encore par les Saoudiens comme l’une de leurs références littéraires (1er novembre à 13h30). Plus incisif, sans doute, sera le thème du 6 novembre à 16 h), consacré aux tabous dans la culture arabe. Le jeudi 1er novembre à 17 h, la rencontre sur l’œuvre de l’Emir, dont l’Algérie célébrera, l’an prochain, le bicentenaire de la naissance. Le 8 novembre à 16h30 sera consacré aux Voix féminines, réunissant une pléiade d’écrivaines arabes. La traduction, domaine stratégique de l’édition et du savoir, a été retenue comme sujet majeur avec Elites, Nahdha et mouvement de traduction, le 6 novembre à 14 h, et Traductions et apports civilisationnels, le 7 novembre 16 h. Cette vision de la traduction sera précédée et, sans doute, préparée par Circulation des savoirs, l’âge d’or, une conférence de l’historien des mathématiques Ahmed Djebbar, le 2 novembre à 17 h, à lier au thème Beït El Hikma ou l’âge d’or par Cheikh Bouamrane, le 7 novembre à 15 h. Deux rencontres intéressantes au vu de la qualité des intervenants, mais l’usage abusif de l’expression « âge d’or » laisse toujours un goût de nostalgie impuissante, sinon amère. A noter la rencontre Culture et médias avec deux confrères du Liban et Hmida Ayachi et Tayeb Mefti le 4 novembre à 17 h).
LES OUVERTURES VERS LE MONDE
Le SILA, ainsi que la Bibliothèque nationale, est partie prenante du Centenaire Jules Roy (né en 1907), organisé simultanément en France et dans le monde. L’Institut culturel italien s’est distingué en organisant quatre cafés littéraires au SILA, dont l’un sur le polar méditerranéen avec Massimo Carlotto et Yasmina Khadra le 7 novembre à 11h30). Cap sur l’Amérique latine avec les expositions de photographies, consacrées l’une à l’immense poète Pablo Neruda et l’autre, à Lima, ville mauresque, organisée par les ambassades du Chili et du Pérou à Alger. Le Goëthe Institut organisera en ses locaux une rencontre sur La réception de la littérature algérienne en Allemagne, le 3 novembre à 17 h avec Donata Kiselbach, Sofiane Hadjad et Boudjedra. A noter aussi, La coopération franco-algérienne dans l’édition, le 3 novembre à 13 h, Enjeux culturels et mondialisation (idem à 16 h), Le diwan de Tamarit, l’anthologie poétique de Garcia Llorca, organisée par l’Institut Cervantès d’Algérie le 5 novembre à 14 h).
HOMMAGES AUX DISPARUS
Sous le générique « Un jour, une personnalité », des hommages seront rendus à Ferhat Abbas, cheikh Moubarek El Mili, cheikh Brahim Bayoud, Mouloud Kacem Naït Belkacem, Bachir Hadj Ali, Mouny Berrah, Mahfoudh Kaddache et Mostefa Lacheraf. Jacques Berque, pour sa part, fait l’objet d’une rencontre-débat le 4 novembre à 16 h avec Mustapha Chérif et Abdelkader Djeghloul.
LA MUSIQUE AUSSI
La musique aussi, avec la présentation, par Lamine Bechichi, de l’histoire souvent méconnue de l’hymne national Qassaman et son interprétation par l’Orchestre symphonique national, dirigé par le maestro Amine Kouider, le 1er novembre à 14 h. Identités musicales sera le sujet de la rencontre avec Mourad Yellès, Hadj Miliani, Nouredine Saoudi et Salim Khiat. Plus remuant, le Diwan de Biskra et ses musiques de transe sera présent au SILA. Les organisateurs, qui voulaient donner les concerts en plein air, pestent contre la météo.
Consultez le site du SILA : www.sila-dz/
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