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Quelle politique culturelle pour Tlemcen ? |
Pour la promotion et la socialisation de la culture
Quelle politique culturelle pour Tlemcen ?
Par : Mohamed Medjahdi. (La Tribune -18/10/2007-)
La politique culturelle, à Tlemcen comme ailleurs, devrait viser un double objectif, la proximité et la diversité afin que chaque citoyen puisse accéder, selon son choix, à des pratiques culturelles différentes et à des activités artistiques variées. C'est ainsi et seulement ainsi que la culture pourra contribuer à faire d'une région une grande métropole culturelle et d'un pays une contrée ouverte sur le monde. Ainsi, à Tlemcen, qui fut la capitale du Maghreb, la conception de la culture et de ses manifestations publiques ne doit pas être limitée à la seule expression musicale andalouse, mais doit être ouverte au théâtre, aux arts plastiques, aux capacités d'expressions écrites et orales de la pensée, au patrimoine, à la poésie, au folklore et à l'art dans toutes ses expressions matérielles et immatérielles.
Des hommes de culture interrogés sur le sujet, n'ont pas manqué d'affirmer que la politique culturelle dans une collectivité, une ville, une région ou un pays, au même titre qu'une politique éducative, doit être considérée, pensée et élaborée comme un véhicule du savoir et un maillon essentiel dans l'organisation de la vie sociale. Comme le soulignera un universitaire, il est ainsi primordial que cette politique soit sous-tendue par une volonté de socialisation de la culture en s'adressant au plus grand nombre de citoyens, avec une attention particulière pour les personnes les plus éloignées des arts, les publics très défavorisés qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent accéder à la culture. C'est l'objectif principal de la socialisation de la culture qu'on retrouve plus généralement depuis quelques années sous l'appellation de culture de proximité. A cela devra s'ajouter, nous explique-t-on, une prise en compte de toutes les formes culturelles et mouvements artistiques, dans une égalité de traitement entre les styles. En clair, il s'agit de préserver et promouvoir la diversité culturelle de la région ou du pays qui se manifeste depuis quelques années par la prise en charge de formes et expressions culturelles qu'on qualifiait de populaires ou folkloriques. La politique culturelle devra donc s'attacher autant à la valorisation du patrimoine qu'à la création contemporaine, en privilégiant toujours la qualité, l'innovation et la recherche. Ainsi, pour que Tlemcen devienne une métropole, une grande ville culturelle à l'échelle du pays et au niveau international, avec l'affirmation d'une ouverture sur le monde, il lui est nécessaire d'élaborer une politique qui prenne en considération l'évolution culturelle et la gestion et administration de la culture sur ces bases de socialisation et de large diffusion. Or, si performants soient-ils, les administrateurs, locaux ou centraux, de la culture, ne peuvent à eux seuls atteindre ces objectifs. Ce n'est d'ailleurs par leur mission première. Car, l'administration a, elle, la charge de tracer les objectifs à atteindre et, si nécessaire, fournir les moyens de le faire à toute personne, physique ou morale, qui s'y attelle. A titre d'exemple, les autorités locales de Tlemcen ont concrétisé des jumelages avec plusieurs villes françaises et espagnoles grâce auxquels des artistes locaux pourront participer à plusieurs festivités dans ces villes et inversement. Cependant, l'administration doit se limiter à l'établissement des contacts et des ponts entre les deux rives, et reculer pour laisser les artistes les emprunter en toute liberté. Elle ne doit en aucun cas jouer le censeur ou l'organisateur qui filtre et sélectionne selon des critères subjectifs, voire politiques. Sans cela l'objectif de porter la culture à tous les citoyens, dans tous les quartiers, risque fort d'être raté, comme il le fut jusque-là.
Un homme de culture dira à ce propos qu'il s'agit en fait de considérer tout simplement que socialiser la culture, «c'est permettre à chaque individu d'avoir accès à la pratique culturelle de son choix. Et donc lui donner les moyens de ce choix. Cela suppose une nouvelle façon de travailler : les collaborations entre les différents agents et niveaux culturels, socioculturels, associatifs et éducatifs». Ce qui n'était pas évident si on se souvient de la fracture enregistrée durant les années écoulées où seule la musique avait une place sur la scène culturelle locale qui était, et l'est toujours, aux mains de l'administration. Un autre ajoutera que «devant contribuer à la cohésion sociale, la politique de proximité est un des enjeux majeurs de la politique culturelle de la commune. C'est pour cela qu'une évaluation est conduite actuellement sur certaines actions de proximité et sur les établissements culturels communaux qu'il faut, bien sûr, doter et équiper pour répondre aux aspirations du public».
Il faut donc réactiver les structures culturelles implantées dans les quartiers comme les bibliothèques, rouvrir les salles de cinéma, construire d'autres infrastructures, et les mettre à la disposition des associations et des artistes. En outre, il ne faut pas négliger la création artistique, la protection, la préservation et la promotion des arts et de la culture. Même la politique du patrimoine doit faire l'objet d'études et d'une attention particulière pour faire de cette richesse un créneau porteur pour le tourisme culturel et le développement économique. Et les responsables du secteur de la culture ne doivent et ne peuvent faire cavalier seul. Ils doivent s'appuyer sur toutes les forces porteuses et volontaires. Tlemcen doit donc penser à l'élaboration d'une bonne politique culturelle pouvant atteindre tous les objectifs tracés.
M. M. |
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