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Grâce à quelques initiatives pour s'émanciper de la décision centrale |
Des perspectives de renouveau du champ culturel à Sétif
Par : Abdelhalim Benyelles. (La Tribune -18/10/2007-)
Encore une fois, la programmation artistique et culturelle à Sétif a fait apparaître les carences de la gestion de la culture? de la prise en charge du fait culturel ainsi que l'organisation des spectacles. C'est ainsi que de l'improvisation du programme conjoncturel du Ramadhan a donné libre cours aux pratiques habituelles de l'administration locale. Même le Festival annuel de la chanson arabe de Djemila de l'été 2007 n'a pas échappé aux affres de la programmation formelle, hâtive et qui ne répond guère aux règles de la projection. Et ce sont en fait les véritables acteurs de l'animation artistique et culturelle qui sont marginalisés du circuit de la programmation et de la détermination de la qualité des spectacles.
Si les gradins du site archéologique de Djemila ont été désertés cette année par le public, il en est de même pour les spectacles du Ramadhan. Une troupe théâtrale, dont le profil est reconnu par un large public et qui livre sa représentation à une poignée de jeunes garçons dans une des communes de Sétif. C'est ainsi que les artistes astreints aux vicissitudes de l'administration réitèrent leur participation à l'élaboration du programme culturel et dénoncent l'incohérence des concepteurs en charge de la culture.
Pourtant l'ère des subventions financières de la tutelle et de la disette culturelle sont en passe de céder le pas à une nouvelle approche de la gestion de la culture, celle du marché de l'art conformément à la nouvelle politique attendue du ministère de la Culture. L'effort artistique et culturel et la qualité du produit ont été annoncés comme des valeurs intrinsèques de l'activité des spectacles à l'avenir.
A Sétif, l'initiative culturelle entamée à la fin de l'année 2005 avait pourtant rehaussé le mouvement associatif au statut d'entreprise de promotion du produit culturel à grande échelle. Ainsi, le programme noir sur blanc étalé sur trois années consistait en une action de partenariat entre trois associations culturelles, les Compagnons de Nedjma de Sétif, Chrysalide d'Alger et Gertrude II de Lyon. Une initiative au programme diversifié qui englobe les différentes formes d'art, le théâtre, la danse et les arts plastiques. Le contenu ne se limite pas aux représentations artistiques, mais aussi aux ateliers pédagogiques où les experts des deux rives de la Méditerranée orientent leur action vers le public afin de l'imprégner du fait culturel. Car, à l'occasion, une galerie d'arts plastiques a pu voir le jour à Sétif. Le slam à titre d'exemple, une danse expressive américaine encore méconnue en Algérie, a profité d'un créneau particulier où étudiants, lycéens et enseignants ont bénéficié des orientations pédagogiques prodiguées par les spécialistes de l'association lyonnaise. L'atelier de théâtre a suscité l'intérêt des membres des troupes de Sétif pour s'imprégner du savoir-faire professionnel du 4e art dans sa forme théorique. Le Salon d'exposition des arts plastiques, une manifestation unique dans la région, a eu aussi le mérite de regrouper les professionnels de la sculpture et de la peinture du territoire national. Un rassemblement qui a, certes, suscité la satisfaction des organisateurs mais a permis aussi aux artistes de participer à un salon d'envergure et au public d'établir un contact direct avec les exposants, instaurant ainsi des rapports pédagogiques enrichissants qui plaident en faveur de la continuité de l'action culturelle de proximité.
On retiendrait dès lors que c'est l'artiste lui-même qui se charge du montage du spectacle dans tous ses aspects, tout en ayant évidemment recours au concours financier représenté par les opérateurs du secteur de l'économie de la région. Une formule qui cède certes, le pas à une vision dépassée de la gestion de la culture basée sur la centralisation de la décision autour de la tutelle, mais qui devrait œuvrer dans le sens de l'implication du monde de la production économique dans le projet culturel.
L'orientation concrète de la propagation du fait culturel par les professionnels qui paraissait au départ susciter l'adhésion de l'administration, et qui se retrouve de fait déchargée de la contrainte de l'organisation du spectacle et de son financement, a actuellement du mal à retrouver ses marques dans un environnement qui gagne en résistance face à la vision moderne de la gestion de la culture en Algérie.
A. B. |
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