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Ali Aïssaoui, réalisateur de l’émission «Fadaat El Masrah», confie :
Ali Aïssaoui, réalisateur de l’émission «Fadaat El Masrah», confie :

Le théâtre algérien accuse un réel manque d’archives

Par : Sihem Bounanbi. La Tribune (12/08/2007)

L’année 2007 a été marquée par le retour sur le petit écran de l’émission «Fadaat El Masrah» (Espaces théâtraux), réalisée par Ali Aïssaoui. Rencontré lors de la 40ème édition du Festival national du théâtre professionnel de Mostaganem, ce passionné du 4ème art s’est ouvert à nous pour nous confier ses réflexions sur le théâtre algérien en revenant sur son parcours et la conception de son métier
Dimanche 12 Aout 2007

Entretien réalisé par Sihem Bounabi

LA TRIBUNE : Pourriez-vous nous parler de la genèse de l’émission «Fadaat El Masrah» ?
Ali Aïssaoui : J’ai commencé à réaliser cette série en 1984. La première image que j’ai tournée, c’était en 1984, lors de la présentation de la pièce Ghabou lefkar. J’avais réalisé une petite émission de 26 minutes, sur cette pièce mise en scène par Azzedine Medjoubi et dont les interprètes étaient Ziani Cherif Ayad et M’hamed Benguettaf. Puis, j’ai enchaîné juste après avec Lagoual de Abdelkader Alloula. Suite à l’engouement des spectateurs, les responsables de la télévision m’ont demandé de continuer sur cette lancée. C’est ainsi que l’action théâtrale a pris une véritable place dans la télévision algérienne, alors qu’auparavant le théâtre y était éclipsé. Mais «Fadaat El Masrah» est véritablement née en 1987, lors des premières Journées théâtrales de Annaba.

Quel est le concept de cette émission ?
Avant de parler de concept, je voudrais parler d’une image marquante, lors des premières Journées théâtrales de Annaba, et qui a en quelque sorte influencé ma démarche de réalisateur. C’était une image où l’on voyait Mohamed Delil, Djellali Abdelhamid, Abdelkader Alloula et Kaki réunis. Ils donnaient une conférence dont l’intitulé était «Comment préparer l’avenir du théâtre algérien».
C’est ainsi que j’avais pris attache avec Abdelkader Alloula, Kaki et le directeur de l’époque du TNA et je leur avais demandé leur avis sur les thèmes intéressants à traiter. C’est sur leurs conseils et réflexions que j’ai préparé ma première émission dont la thématique était «la fonction sociale et culturelle du théâtre».
Puis suivirent d’autres thèmes tels que «les moments forts du théâtre algérien jusqu’à 1971», «un hommage à la femme comédienne», «la situation socioprofessionnelle du comédien», jusqu’à en faire 78 émissions thématiques.
Je faisais également les couvertures des festivals. Mais ce n’était pas des couvertures de journaliste d’information, c’était plus un point de vue artistique, avec une certaine mise en scène.
Jusqu’en 1998, j’ai sillonné tout le territoire national pour transmettre au téléspectateur l’action théâtrale dans le pays. Le paradoxe est que, pendant la décennie noire, il y avait une véritable effervescence théâtrale. Il y avait une prolifération de festivals, plus de créativité, plus de productions, à Tébessa, Miliana, Alger, Oran ou Annaba. Je citerais à titre d’exemple Allam El Baouch de Alloula, dont la générale a été donnée en 1993. Elle est passée dans dix festivals en deux années.

Après plusieurs années d’absence, l’émission revient dans les programmes de l’ENTV. A quoi devons-nous ce retour ?
Je la reprends cette année parce que cela m’a été demandé par le public et par les responsables de la télévision. Mais pendant ces années, j’étais sur d’autres projets : des séries de portraits sur des artistes algériens, des émissions estivales et la série Aïssa story. Certes, cette période m’a éloigné du théâtre, mais seulement par la caméra. Car je suis toujours resté proche du 4ème art et je n’ai jamais raté la générale d’une pièce théâtrale.

Après ce retour derrière la caméra, avez-vous un nouveau regard sur la pratique théâtrale ?
J’ai remarqué un grand changement au niveau de la pratique théâtrale. Auparavant, c’était des personnes qui faisaient le théâtre. Aujourd’hui, c’est toute une équipe qui porte la pièce : le metteur en scène, le scénographe, le chorégraphe, les comédiens et le responsable de la lumière. Tout ce qui est ancien est révolu. Ça s’est déroulé d’une manière si rapide que bon nombre de personnes ont été écartées ou marginalisées, car elles n’ont pas suivi le mouvement. Je vous confierai, qu’au début, j’avais trouvé ma manière de filmer un peu pâteuse. Je n’avais pas l’ensemble des moyens pour cerner ce nouveau théâtre. Parce qu’il y avait une autre pratique, une autre forme, une autre conception du spectacle avec une réelle maîtrise de l’espace scénique. Ensuite, j’ai vite réagi et cela m’a motivé à servir le théâtre de la manière la plus artistique possible.

Du nouveau dans la manière de filmer une pièce…
D’habitude je prends ma caméra sur l’épaule et je cours derrière l’événement théâtral. Mais aujourd’hui, avec la maturité, le plus important c’est d’avoir la fiche technique de la pièce, car, quand on l’a, on a déjà l’angle d’approche et l’axe avec lesquels on va entreprendre ce travail, soit pour filmer un sujet soit pour filmer un événement. Je m’étais dit qu’il faut que j’accompagne cet élan artistique de la scène par les techniques de la télévision dans un réel esprit de compatibilité. C’est là le souci réel pour situer la valeur artistique de l’espace scénique.
A titre d’exemple, j’avais discuté avec le metteur en scène Khoudi pour savoir quel était le meilleur moment pour que je puisse filmer la pièce la Maison de Bernada Alba. Il a cité une table illuminée avec des bougies, en avant-scène, qui donnait une belle perspective, une belle profondeur pour le décor. C’est ainsi que j’ai construit ma conception de l’enregistrement de la pièce. Quand Khoudi a vu les extraits, cela lui a plu, car il a compris que j’avais respecté son travail de mise en scène. Malheureusement, d’autres réalisateurs pourraient casser cette mise en scène en choisissant un mauvais axe pour filmer. Ce qu’il y a également de nouveau, c’est qu’on tient compte du sujet, de l’avant-plan et de l’arrière-plan. Par ailleurs, quand on filme une pièce avec une ambiance de lumière précise, le plan qui suit doit être dans le même contexte, sinon il risque d’y avoir une cassure. J’essaye donc d’agencer tout cela. Parfois c’est une véritable acrobatie pour réussir le tout. J’attends également la réaction des spectateurs pour baliser tout cela car c’est un travail qui est sans cesse en évolution.

Quelle est votre appréciation du 40ème Festival national du théâtre amateur de Mostaganem ?
Il est à souligner que la particularité de ce festival c’est sa longévité et sa continuité. Avec cette 40ème édition, c’est la première fois que je participe en tant que réalisateur d’émission. Je considère que l’édition 2007 est une sorte de bilan, de rétrospective marquée par la présence des personnes qui ont fait l’événement depuis la naissance du festival. J’ai débuté dans ce festival en tant que comédien et metteur en scène en 1976 avec la troupe «Mostepha El Ouali». J’ai ainsi participé de la 7ème à la 10ème édition du festival. A l’époque, l’ensemble du mouvement du théâtre amateur en Algérie attendait ce festival. C’était une sorte de fin en soi, l’aboutissement des efforts fournis tout au long de l’année par les troupes indépendantes. Il était important d’y participer pour présenter la pièce et voir la réaction du public et des spécialistes du théâtre pour améliorer les nouvelles productions théâtrales. Par contre, ce que je déplore, c’est que, durant les années fastes du théâtre amateur, la télévision était absente. Depuis sa création, il n’y a eu que deux courts documentaires de réalisés. En conséquence, il y a un réel manque d’archives. Cette année, on a heureusement décidé d’accorder un intérêt à l’archivage.

Est-ce l’archivage, l’un des slogans de cette édition, qui a motivé votre présence ?
C’est exact, je suis beaucoup plus venu dans l’esprit de la transcription de l’histoire du festival pour la transmettre aux générations futures. Dans ce souci, quand je filme, c’est pour le 52 min. que je fais pour l’ENTV, mais je filme aussi pour archiver. Cela à travers, entre autres, les rencontres avec des personnes qui étaient à l’origine de la création de cet événement. Pour cela, je me suis même déplacé aux domiciles de ceux qui n’ont pu être présents à l’événement, soit parce qu’ils sont malades soit parce que trop âgés. Grâce à cela, j’ai pu récolter des informations assez importantes pour l’écriture de l’histoire du festival. Par ailleurs, il est à souligner que c’est la première fois qu’il y a eu une véritable réflexion autour de la paternité de ce festival.

Le fait d’avoir baigné dans le théâtre vous donne-t-il un avantage en tant que réalisateur ?
Certes, c’est un avantage, je peux voir une pièce pour la première fois et vous dire quels sont les repères placés dans la mise en scène. Parmi ces repères, on peut citer une volonté d’augmenter le rythme, les applaudissements et le silence qui, pour un metteur en scène, est l’instant où il sonde un public et voit les capacités de ses comédiens. Grâce à ces repères, on peut savoir au bout d’une vingtaine de minutes si la pièce est une réussite ou non. J’arrive ainsi à diriger ma caméra selon les repères mis en place par le metteur en scène. Il est aussi important de souligner que je ne filme jamais avec un projecteur. J’utilise les lumières de la mise en scène. Je trouve que c’est une agression terrible et inacceptable que d’utiliser le projecteur, car la lumière qu’utilise le metteur en scène est un langage théâtral en soi.

Vous pensez donc qu’une synergie entre le réalisateur et le metteur en scène de la pièce théâtrale est nécessaire ?
Bien sûr. Il faut qu’il y ait une communication entre le metteur en scène et le réalisateur qui va filmer. Il faut qu’ils se mettent d’accord sur la conception de l’enregistrement. Le réalisateur a au moins cinq caméras, donc cinq axes différents de l’axe du spectateur. Il faut qu’il exploite cet avantage. Par exemple, quand le metteur en scène fait entrer un comédien dans l’avant-scène, il lui donne une réplique. Lors de cette tirade, il y a une action qui se passe dans le côté cour ou dans l’arrière-scène. Si le metteur en scène donne plus d’importance à cette action qu’à la tirade, le réalisateur doit suivre aussi.
Aujourd’hui, filmer une pièce est très délicat. Il va falloir que la télévision s’adapte aux nouveaux concepts théâtraux, sinon il doit s’abstenir de filmer. Car, si on n’arrive pas à reconstituer en tant que réalisateur l’atmosphère de la pièce, on risque de l’avilir. Bon nombre de pièces qui sont applaudies au théâtre perdent leur essence lors de leur diffusion sur le petit écran.

S. B.

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