Lors d’une rencontre inédite à El Djahidia
Posté par alger-culture le December 18 2011 12:37:29
Vers la création d’une politique culturelle nationale par la société civile en Algérie




























Rencontre d'Alger sur la politique culturelle en Algérie
Nouvelles entendues
Vers la création d’une politique culturelle nationale par la société civile en Algérie

Venus d’Alger, de Tizi-Ouzou ou encore de Mostaganem, artistes, universitaires, écrivains et intellectuels de tous bords se sont donnés rendez-vous hier, samedi 17 décembre, à El Djahidia à Alger, pour assister à la première rencontre sur la politique culturelle en Algérie.

Assia Moussei, directrice de la maison d’édition El Ikhtilef, a fait un état des lieux du secteur culturel en Algérie. Elle notamment examiné le cas du secteur de l’édition, en expliquant qu’il baigne aujourd’hui dans une anarchie totale, ce qui ouvre la porte aux commerçants sans scrupule dont la motivation unique est le profit. Cela se répercute sur la qualité des livres publiés, tant sur le fond que sur la forme. Cette réalité résulte d’une absence de politique culturelle dans le pays, laquelle politique est censée portée les mécanismes qui permettent une gestion efficace du secteur.

Ammar Kessab, expert en politiques culturelles, a présenté une analyse technique de la situation, et a commencé par définir la politique culturelle comme étant une action réfléchie et consciente de l’Etat, qui permet la définition et la matérialisation de la notion de « culture », comme dictée par l’action culturelle des citoyens. Elle est l’ensemble des outils techniques qui permettent la mise en œuvre de cette notion de culture nationale pour réaliser les objectifs de l’Etat en matière de culture, qui doivent être clairement définis, dans le but d’améliorer le fonctionnement du secteur culturel et la situation des artistes.
Il a par ailleurs rappelé les différents textes que l’Algérie a élaborés, ratifiés ou signés (Manifeste panafricain d’Alger, 1969 ; Déclaration d’Alger sur la diversité culturelle, 2004 ; Plan d’action de Nairobi sur les industries culturelles, 2008, etc.) et qui engagent l’Etat à se doter d’une politique culturelle claire, écrite noir sur blanc et présentée aux citoyens, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il a aussi présenté le cas de l’Afrique du Sud, comme un exemple à suivre, expliquant que le modèle français n’est pas viable pour l’Algérie pour des raisons idéologiques et techniques, tout en rappelant que seulement 0,19 % des 450 millions de dollars consacré à la culture en Algérie sont consacrés aux associations culturelles.

Le romancier Samir Kassimi a pour sa part présenté un tableau noir de la situation de l’artiste et de l’écrivain en Algérie : pauvreté, exclusion et mépris, ce qui va à l’encontre de la Convention des droits des artistes envers laquelle l’Algérie a marqué son adhésion en 2007. L’universitaire Habiba Laloui, a quant à elle présenté la convention de 2005 sur la protection et la promotion des expressions de la diversité culturelle, une convention phare, puis s’est questionnée pourquoi l’Algérie ne l'a pas encore ratifier.

Un débat a par la suite été lancé. Intellectuels issus de différentes sensibilités idéologiques ont partagé les mêmes préoccupations, pour demander qu’une politique culturelle nationale soit définie dans les plus brefs délais. Au total, 17 recommandations, qui vont être intégrées dans la feuille de route sur la politique culturelle en Algérie, ont été élaborées. Cette feuille de route sera diffusée à grande échelle, notamment auprès des institutions internationales. Elle sera le fruit d’un cycle de rencontres qui vont se poursuivre tout au long des 3 prochains mois. Une copie sera envoyée aux autorités concernées du pays, libre à elles de la prendre en compte ou pas, l’essentiel, d’après les participants, c’est de jouer un rôle, en tant que société civile, et de participer à l’édification d’une politique culturelle nationale forte, qui rend à l’artiste sa dignité, et qui se soit au service du citoyen et de sa culture.