Khalida Toumi. Ministre de la culture
Posté par alger-culture le January 03 2008 20:35:48
Entretien réalisé par : Ameziane Ferhani et Zineb Merzouk. El Watan.
























Khalida Toumi, ministre de la Culture.
Nouvelles entendues
PREMIERE PARTIE

Khalida Toumi. Ministre de la culture : « Le bonheur de compter jusqu’à un »

Entretien réalisé par : Ameziane Ferhani et Zineb Merzouk.
El Watan.27/12/2007

Pour ce numéro bilan, nous avons rencontré Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture. Toujours passionnée, mais décontractée, elle nous a reçus pendant près de trois heures, pourtant insuffisantes pour embrasser tous les sujets. Mais, pour l’essentiel, cet entretien permet de mieux connaître la démarche et l’action du ministère, sa vision aussi, et de prendre acte de ses engagements pour 2008 et plus tard, à travers des mesures qui, pour certaines, sont annoncées pour la première fois. La deuxième partie de cet entretien paraîtra jeudi prochain avec comme thèmes : le soutien à la création, le cinéma et le réseau des salles, la censure, la formation, le statut de l’artiste, la création d’un conseil national des arts et lettres et d’une mutuelle sociale des artistes et enfin, le festival panafricain prévu en 2009. Toute féérie a besoin d’une machinerie. Mme Khalida Toumi nous assure que la machinerie s’est mise en branle. Allez, bonne année à nos lecteurs et à tous ceux qui, dans notre pays, ont pris les sentiers rocailleux et hasardeux de l’expression, avec la conviction que la beauté et le sens sont des produits de première nécessité et même d’urgence.


Si vous deviez retenir un seul mot pour qualifier l’année 2007, quel serait-il ?

Seulement un seul ? Je dirai Mama et 1001 titres, soit l’ouverture du Musée d’art moderne et contemporain et la publication de 1001 livres. Il y a eu aussi la création du Musée de miniature, d’enluminure et de calligraphie. Il y a eu beaucoup de choses cette année, mais les plus importantes sont celles qui continueront. Nous voulons que cette impulsion culturelle se prolonge.

L’évènement Alger, capitale de la culture arabe 2007 a été décrié par certains acteurs ou observateurs, notamment au plan de la sélection des projets…

Très sincèrement, je trouve que ce serait triste que l’Année fasse plaisir à tout le monde. Ce ne serait pas normal. Il est absolument impossible qu’on réponde aux desiratas de tout le monde et qu’on retienne tous les projets. La seule façon de donner une réponse positive au maximum de projets serait de multiplier les années telles que celle-là. Il faudrait que 2007 ne soit pas un passage conjoncturel. Cela dit, il faut rappeler que tout a été fait pour que les projets admissibles à soutien financier (car ce n’est pas le ministère qui a produit) ont été retenus, non pas par des fonctionnaires, mais par des commissions constituées de gens de l’art pour toutes les disciplines… Pour les conférences, ce sont les opérateurs, la Bibliothèque nationale, le CNRPH ou d’autres, qui ont proposé, à partir d’un comité scientifique, comme nous l’avons exigé. Le ministère n’est là que pour mettre les moyens à leur disposition. Voilà ce que je peux dire. Mais, évidemment, il ne peut y avoir que des contents.

Comparativement au passé, il y a eu énormément de choses, une programmation si dense que certains événements sont passés inaperçus et un sentiment d’overdose, si l’on peut dire. N’y-a-t-il pas eu conflit entre le quantitatif et le qualitatif ?

Je ne le pense pas. En comparaison avec ce qui se faisait avant, oui, il y avait beaucoup. Mais si on compare avec des pays, non pas plus développés que nous où l’industrie culturelle est florissante, mais disons à des pays de niveau de développement similaire, il n’y a pas eu overdose. Maintenant, je crois qu’il y a un vrai problème qu’un jour nous serons obligés de prendre à bras-le-corps, c’est la question du public culturel. Il faudrait que l’on fasse des études et des sondages pour déterminer combien d’Algériens lisent de livres par mois ou par année, et d’abord, ceux qui sont censés lire. Ou encore combien d’Algériens vont dans les musées ? Il faudra se regarder dans un miroir, pas pour se taper dessus, j’ai horreur de l’auto-flagellation, mais pour se mettre d’accord sur le fait que lire est une activité fondamentale pour l’être humain, pour sa formation comme pour son épanouissement. Et, avant de tomber sur l’Algérien lambda, posons la question de ceux qui doivent lire…

Vous voulez parler des universitaires, des cadres, des enseignants… ?
Avant ceux-là, il y a ceux qui ont les moyens déjà…

Les moyens peut-être, mais pas la culture. Cette corrélation dans notre société n’est pas évidente…

Oui, mais on doit à un moment tracer une stratégie pour populariser au maximum la lecture. Ma conviction reste que la culture sert à former, à divertir aussi, mais elle sert aussi à constituer le ciment le plus sûr pour une société. Cela nous renvoie à la question du non accès à la culture, et cette inégalité-là, je la considère comme beaucoup plus terrible que d’autres inégalités. Remédier à l’inégalité culturelle est d’ailleurs beaucoup plus dur. Si on considère que le ciment culturel est fondamental dans une société, pour l’unité nationale et un développement harmonieux, eh bien, on est obligé de se fixer un SMIG culturel dans tous les domaines auxquels doivent accéder les citoyens. L’Etat doit organiser les choses pour que chaque secteur, et pas seulement le ministère de la Culture, les institutions comme les entités privées, s’impliquent. Nous travaillons actuellement à la création du Centre national du livre et ce type de questions sur la diffusion de la lecture dans notre société devra se poser et se discuter.

Nous avons justement une question sur l’implication des autres secteurs à la culture : l’éducation, le tourisme… Est-ce que des synergies sont envisagées ?

Oui, cela est prévu mais, cela dit, il appartient au ministère de la Culture d’assumer ses missions. Par exemple, pour la lecture, une synergie s’est mise en place avec le ministère de l’Education nationale. Une convention a été signée il y a quatre ans, bien que je n’aime pas beaucoup ces conventions qui restent abstraites. Nous avons donc mis en place un groupe qui travaille actuellement à la question de la littérature à l’école. Nous n’avons rien inventé, l’école est le lieu de socialisation par excellence et c’est là que se forme le lecteur, le futur visiteur de musée, le futur spectateur de théâtre, le futur cinéphile. Mais nous avons voulu commencer par le livre, car il est la base de tout. Aujourd’hui, on peut le faire avec le programme d’édition de 1001 titres cette année. Je vous annonce d’ailleurs que cette opération est reconduite pour 2008. Avec tous ces ouvrages, qui seront dans le commerce mais aussi dans les bibliothèques communales et scolaires, nous pourrons arriver à ce qu’un certain nombre de titres obligatoires soient lus par les élèves pendant l’année. On commencera petit mais rien n’empêche que chaque élève algérien, je vais dire là un chiffre qui peut paraître ridicule pour certains mais qui pour moi est important. Vous savez, quelqu’un a parlé du « bonheur de compter jusqu’à un quand on a rien ». Et dans ce cadre, je veux avoir le bonheur de compter jusqu’à quatre. Qu’est-ce qui peut nous empêcher de décider que de la première année primaire jusqu’à la terminale, non, laissons tranquilles les candidats au bac, soit sur douze années, ce qui est énorme, chaque élève lise quatre livres sur une centaine parmi les classiques de chaque catégorie d’âge. Quand on démarre de zéro, c’est énorme.

C’est le professeur de mathématiques qui parle…

Oui, sans doute. Nous travaillons sur cela présentement. Il faudrait qu’une telle opération dure au moins cinq ans. C’est le minimum pour que la chaîne du livre reprenne et puisse plus tard s’autonomiser. Alors, l’Etat pourra apporter un soutien à distance. Je suis pour l’intervention de l’Etat dans la culture et non pas pour le tout-privé à cause des inégalités culturelles dont je parlais.

De toutes les façons, des pays très libéraux apportent leur soutien à la culture…

Bien entendu, surtout pour le livre et la lecture publique. Voilà pour la synergie avec le ministère de l’Education nationale. Si on arrive déjà à l’enclencher avec le livre, alors ce sera plus facile pour d’autres aspects de la culture. Pour l’accès des élèves aux musées, c’est difficile car il n’y a pas de musées partout. Mais là où il en existe, on peut imaginer que certains cours se fassent dans ces musées. Tout cela ne peut se faire sans l’Education nationale ni sans les enseignants. Le groupe de réflexion réfléchit d’ailleurs à la manière de convaincre et d’intéresser les enseignants. Si on réussit sur le livre et sur les musées, ce serait un grand pas. Mon rêve serait plus tard d’introduire la musique andalouse à l’école qui est notre musique classique. Ajoutez à cela le théâtre qui est le pendant de la littérature, et le faire entrer à l’école serait merveilleux. Mais pour l’instant, cap sur le livre. Par ailleurs, il est clair que le tourisme culturel implique forcément les deux secteurs. Nous en avons parlé avec Chérif Rahmani et là aussi, nous devons lancer une équipe commune. Cela dit, il n’existe pas de culture sans argent. D’où l’importance du ministère des Finances. Il est question non seulement du financement de l’action culturelle mais aussi des festivals. Nous avons réussi à institutionnaliser 32 festivals culturels et ils disposent donc d’une garantie de soutien financier. Mais si nous jetons un œil sur nos voisins et frères marocains et tunisiens, on peut dire qu’il y a chez eux au moins quatre à cinq fois plus de festivals, tous soutenus par l’Etat et les collectivités locales. Nous devrons arriver un jour à nous pencher sur la problématique du financement général de la culture.

Il y a eu des efforts dans la promotion des manifestations mais on a l’impression, souvent, que l’on consacre 99% des efforts et moyens à « faire » et 1% à « faire savoir ». Pourquoi ?

Vous posez un problème fondamental. Mais, encore une fois, dois-je rappeler que nous avons démarré de rien. Il y avait des choix drastiques à faire. Nous avons décidé que 70% du budget (NDLR : d’Alger, capitale de la culture arabe) irait à de l’infrastructure. Cela nous a permis quand même d’ouvrir deux musées, ce n’est pas rien. Il faut rappeler que depuis l’indépendance, nous n’avons ouvert aucun musée dans la capitale. Je parle des musées d’art relevant du ministère de la Culture. L’année se termine mais eux continueront. C’est du concret et du durable au profit des artistes et du public. Pour les 30% restants, il fallait arrêter aussi des priorités. Et là encore, nous avons privilégié le livre car c’est le produit culturel transversal nécessaire à tous les citoyens et au développement des arts et de la culture. Puis, est venu le théâtre. De plus, cette occasion financière formidable nous a permis de donner l’occasion à toutes les wilayas de participer et quand je dis wilayas, ce sont leurs artistes et créateurs. Voilà comment les priorités ont été globalement réparties sans oublier le cinéma, les expositions, etc. Il y eu aussi les 18 semaines culturelles des pays arabes. C’est d’ailleurs la première fois dans l’histoire de cet évènement qu’autant de pays participent et c’est aussi la première fois que les wilayates sont associées, au delà d’une capitale. Alors, effectivement, je suis d’accord, il n’y avait plus beaucoup d’argent pour la promotion. Mais nous n’avions pas le choix. Nous partions du désert, encore que je n’aime pas l’image car j’estime que le désert renferme une richesse culturelle inouïe. Donc, disons de zéro. Nous avons fait un effort de promotion mais pas autant que des capitales qui ne partaient pas de zéro.

Puisque nous parlons chiffres, est-ce que vous allez publier le bilan financier de l’évènement ?

Je vous remercie de cette question. Comme chacun le sait, je n’ai jamais exercé auparavant la fonction de ministre ni jamais travaillé dans un ministère. J’ai dû apprendre. Quand on ouvre un compte spécial, en Algérie ou dans le monde, cela ne se fait pas n’importe comment. C’est l’Etat qui ouvre le compte dans le cadre d’une loi de finances. Ce compte est géré conjointement par le ministère pour lequel il a été ouvert et par celui des Finances. Des procédures sont établies par arrêté interministériel qui précise dans le détail les modalités de son utilisation. Je peux vous remettre ce document. En dehors de ce qui est spécifié par écrit, aucune somme ne peut être mobilisée. Il est en outre écrit, noir sur blanc, que le ministère de la Culture se doit de présenter tous les trimestres un rapport à celui des Finances. C’est exactement ce qui s’est passé depuis le début. Quand il s’agit d’un compte spécial ad hoc comme celui-ci (car il existe des comptes spéciaux qui durent comme le FDATIC pour le financement du cinéma), il est clôturé à l’issue de l’évènement et, cela, sur la base d’un bilan. Il se trouve que le service du ministère des Finances en charge de ce bilan s’appelle l’Inspection générale des finances. Ce n’est pas un ogre chargé de mettre les gens en prison. Je suis désolée pour ceux qui souhaiteraient voir Khalida Toumi en prison. Il faudrait qu’ils cherchent autre chose. L’IGF est là pour les bilans et pour clôturer les comptes. C’est ce qui s’est produit pour l’Année de l’Algérie en France et c’est une procédure normale. J’ajouterai ceci, document à l’appui : la ministre de la Culture a demandé au ministre des Finances de l’époque, M. Medelci, de bien vouloir lui affecter un représentant de l’IGF pour gagner du temps et surtout ne pas avoir à garder un certain nombre de gens qui ont été recrutés pour cette année. En janvier, nous allons parachever l’évènement et pendant au moins un mois, nous allons garder des gens pour la clôture du compte. J’ai formulé cette demande oralement et par écrit, ma dernière lettre remontant à mai. Le ministre des Finances n’a pas pu accéder à ma demande car l’IGF intervient après les exécutions financières. Voilà l’histoire de l’IGF.

Mais les comptes vont-ils être portés à la connaissance publique ?

L’Etat a ses traditions et son fonctionnement. Nous devons des comptes au gouvernement car le ministère exécute un programme avalisé par une commission nationale en charge de l’année et présidée par le Chef du gouvernement. La ministre de la Culture est membre de cette commission nationale. Donc, nous devons des comptes à cette commission nationale, au président de la République bien sûr, ainsi qu’au chef du gouvernement auxquels le bilan sera soumis. Nous devons des comptes aux élus du peuple et si l’Assemblée nationale ou le Sénat demandent des comptes, nous les présenterons. Donc, en dehors de cela, quoi ? La Cour des Comptes ? Qu’elle vienne, il n’y pas de problème. Voilà. Maintenant, s’il existe une partie qui se sent lésée dans la gestion de ce compte, il y a la justice.

En dehors de ce budget spécial, il y a le budget ordinaire du ministère. Il y a la culture évènementielle et la culture au quotidien. Cette année a-t-elle donné envie aux pouvoirs publics de faire plus pour la culture ?

Pendant qu’Alger était capitale de la culture arabe, Vilnius en Roumanie était capitale de la culture européenne. Ces années sont des occasions formidables, notamment pour se doter en infrastructures. Malheureusement, je le dis, en Algérie cela n’a pas été entièrement le cas. Non pas parce que le ministère de la Culture n’a pas fait le travail. Nous avons tous les documents qui prouvent qu’en mai 2004 déjà, nous avions dressé une liste de propositions d’infrastructures à préparer. Pour des raisons multiples, l’Algérie avait d’autres priorités, et nous n’avons pas pu réaliser tous ces projets. Mais l’année a permis de se rendre compte des manques et de l’importance de la production culturelle. Le plus sûr des ciments pour une nation, c’est la culture. Les pouvoirs publics se rendent comptent aussi du gain économique. Il est apparu par exemple, avec l’opération 1001 livres, que c’est toute la chaîne du livre qui a été réanimée, au sens médical du terme. De l’écrivain, à l’éditeur, à l’imprimeur, au diffuseur, au libraire, ce sont des emplois créés ou protégés ou permanisés. L’Etat s’en est bien rendu compte. C’est pourquoi, lors de la discussion de la Loi de finances 2008, il a été facilement convaincu qu’il fallait reproduire l’opération. Si nous la maintenons 5 ans la chaîne livre va être bien enclenchée. C’est l’une des conséquences d’une année culturelle comme celle-là. Idem pour la décision de multiplier le nombre de théâtres. D’ici 2014, tous les chefs lieux de wilaya doivent disposer d’au moins un théâtre et arriver plus tard à environ un théâtre par daïra. C’est un des effets de l’année. On a vu que 45 pièces de théâtre ont été produites et que, sur ce total, il n’y avait pas, le TNA et les théâtres régionaux ,peu nombreux malheureusement (8 au total,) mais aussi 25 associations ou coopératives privées de toutes les wilayas du pays.

Il y a un potentiel pour le théâtre. Chapeau bas à Mhamed Benguettaf d’avoir su le montrer. Autre décision : la création de nouveaux musées. Nous disons un par wilaya parce que nous sommes une République, et je suis heureuse que la valeur égalité soit aussi sacrée. Il est évident que certaines wilayas auront la possibilité de faire plus. D’où le rôle des collectivités locales qui est fondamental et exige une complicité positive avec le ministère de la Culture. Je ne cite que ces exemples pour dire que les conséquences se font déjà sentir. Je ne parle pas du bonheur qu’a entraîné l’ouverture du Musée d’art moderne pour le public et les artistes aussi. Les pouvoirs publics l’ont très bien vu. Ils ont perçu que l’on pouvait faire autant, ailleurs, avec de beaux bâtiments qui sont dans un état lamentable. Il y en a partout. Chapeau bas aussi à l’architecte Faïdi et son équipe qui ont démontré que l’on pouvait faire beau et utile. Cela a fait travailler des équipes et des entreprises pluridisciplinaires et je suis très fière, car ce sont de jeunes Algériens de niveau international à qui il suffisait de faire confiance. Tout cela sert la culture et le tourisme car, je n’en doute pas, un jour, l’Algérie recevra des touristes, et j’espère que l’on développera le tourisme culturel qui rapporte beaucoup plus. Le soleil, la mer et le sable, il y en a un peu partout sur la planète, mais les richesses culturelles sont uniques, là où elles sont. Les musées et le patrimoine rapporteront dans l’avenir.

En octobre, le Conseil du gouvernement a adopté les schémas directeurs de développement culturel que vous avez proposés. Vont-ils être portés à la connaissance des acteurs de la vie culturelle ?

Bien sûr. Nous voulons faire des Assises de la culture. Je n’aime pas tellement ce mot « assises », disons un regroupement. Début 2008, nous voulons regrouper les acteurs de la vie culturelle, les artistes, les opérateurs publics et privés et les médias aussi, pour rendre public ce schéma directeur qui va jusqu’à 2025, mais qui est décliné en étapes : 2009, 2014, 2020. Il s’agit de fignoler ce programme. Par exemple, quand vous dites « un théâtre par wilaya » d’ici 2009, nous devons faire nos comptes. Dans certaines wilayas où il existait des salles fermées, les walis ont établi des arrêtés pour leur réhabilitation. La première conséquence de l’érection d’un théâtre communal en théâtre régional, c’est l’obtention d’un budget de fonctionnement et d’équipement. La bâtisse ne suffit pas. Dans d’autres wilayas qui ne disposent pas de bâtisses, les directions de la culture préparent des propositions. Nous devrons donc décliner ce schéma directeur publiquement. Pour le cinéma, c’est un dossier immense. Il y a aussi les sites du patrimoine. Les Etats mettent beaucoup d’argent dans ces secteurs. Ce n’est pas du gaspillage. Au contraire, ils récupèrent plus, mais autrement. Cela permet de développer et de valoriser des régions, de créer des emplois, de développer le tourisme culturel, de susciter ou de préserver des artisanats ou des industries culturelles. Cela demande une stratégie concertée entre tous les secteurs de l’Etat mais aussi, avec les collectivités locales, et nous avons aussi besoin des privés. Je ne comprends pas par exemple, que des entreprises qui sont en Algérie et qui investissent à l’étranger pour des festivals, quand elles sponsorisent en Algérie des festivals de même niveau, elles mettent le dixième.

C’est peut-être du fait des problèmes de promotion. Si elles n’ont pas de retombées d’image en termes de marketing… Non ?

Sponsoriser le Festival international de musique andalouse, c’est de l’or en barre. Une entreprise privée étrangère qui participerait à un tel festival ne peut être que gagnante. Ce n’est pas normal qu’ils consentent dix fois plus à l’étranger à des festivals qui ne sont pas même internationaux.

Il existe ailleurs des mesures fiscales d’encouragement du mécénat culturel…

Il en existe ici aussi, bien qu’elles demeurent encore limitées. Là où je concéderai, c’est que c’est nouveau chez nous. C’est pour cela que les assisses dont je parlais doivent aboutir à une dynamique culturelle planifiée ensemble, main dans la main. Nous souhaitons aussi traiter du mécénat et du sponsoring culturel avec les entreprises algériennes et étrangères. Tout le monde est gagnant. Pour les schémas directeurs, il y en a deux : celui sur la culture et les arts et celui sur le patrimoine. C’est un programme énorme pour un pays aussi grand que le nôtre et aussi riche au plan archéologique. C’est la première fois que l’on fait une planification de ce genre. Un travail de mineur de fond a été fait sur ce plan : classement d’objets, de sites, d’espaces, de villages et de quartiers, inventaire général des pièces, valorisation par la restauration... C’est énorme. Tout cela va être rendu public lors de ces assisses.

Puisque l’on parle de sites, celui de Timgad suscite chaque année la controverse…

Sincèrement, quand je suis arrivée ici, je n’ai trouvé qu’un seul festival, celui de Timgad. J’étais très heureuse qu’il se fasse à Timgad et je l’ai été davantage qu’il ne se soit pas arrêté dans les terribles années 90. A l’époque, ce festival relevait de la haute résistance et de l’héroïsme. Vraiment, sans démagogie aucune, je rends hommage à ceux qui ont fait cela : les organisateurs, les artistes qui jouaient leurs têtes, le public, l’APC qui a tenu à continuer dans ces circonstances et a réussi à le faire. Il ne faut pas oublier. Moi, je peux pardonner, mais je n’oublie pas. Alors, nous n’avions entendu personne se plaindre de sa tenue. Nous avons institutionnalisé le festival, lui garantissant ainsi une aide financière. Reste maintenant le débat : doit-on utiliser le site archéologique ou pas ? Il y a deux écoles dans le monde, pas trois : ceux qui considèrent qu’un site archéologique ne doit pas être utilisé mais être muséifié sinon momifié. C’est une école. Une autre qui dit qu’un site doit vivre et qu’on doit pouvoir le valoriser et l’utiliser, à condition bien sûr de le respecter. Il faut trancher… J’ai fait appel à des experts algériens et à des experts de l’Unesco. Ils m’ont d’abord rappelé que, de par le monde, beaucoup de sites archéologiques sont utilisés par des festivals, surtout en Europe. Ils ont recommandé un cahier des charges. Ce document, très dur, existe depuis trois ans et a été rédigé par ce collège d’experts. Malgré cela, j’ai demandé au wali de Batna de l’époque, M. Ouali, actuellement secrétaire général du ministère de l’Intérieur, d’inscrire le projet d’un théâtre en dehors du site, ce qui permettrait aussi au spectateur d’avoir le site en perspective. Je reste persuadée que nous sommes, en tant qu’Algériens, en mesure de parvenir au niveau des organisateurs de festivals réputés dans le monde, Avignon en France ou Pétra en Jordanie, pour une valorisation culturelle du site, tout en le r espectant.

Il y a aussi la nature des spectacles qui sont donnés…

Il ne s’agit pas de tourner des films et de tirer sur le site. Bien sûr, la nature du spectacle à Timgad, c’est de la musique. Que ce soit à Timgad ou Djemila, nous avons imposé le cahier des charges. A Djemila, nous avons obligé tout le monde à faire des centaines de mètres à pied, le wali et moi-même en tête, pour que le site ne soit pas dégradé par les véhicules. J’ajouterai ceci : allez voir les jeunes et les habitants des villages mitoyens. Ils vous diront que ces festivals les font vivre, y compris en dehors de la période du festival. A Timgad, la route a été refaite, éclairée grâce au festival. De nouveau, des touristes algériens et étrangers y vont, en dehors du festival et grâce à cette promotion. Des petits commerces sont nés de là, le petit hôtel de Djemila s’est mis à revivre… Je suis d’accord qu’il faille veiller sur la protection du patrimoine mais, en même temps, faisons attention à ne pas le fossiliser, lui enlever toute vie humaine. Je fais remarquer que ces villes romaines qui sont là depuis des siècles, s’ils elles sont encore là, c’est que les Algériens ne sont pas aussi barbares que l’on voudrait le faire croire. En tout cas, ils comprennent mieux la nécessité de protéger ces sites.

Enfin, qu’aimeriez-vous dire aux jeunes artistes mais aussi aux moins jeunes ?

Je ne sais pas si la notion de vieillesse est valable pour les artistes. Pour paraphraser le ministre syrien de la Culture à propos de la langue, je dirai que les artistes ne sont jamais vieux parce qu’ils n’ont jamais été jeunes. Quand on crée, on crée. D’abord, j’aimerais leur souhaiter mes vœux pour l’année 2008, leur dire ensuite, très sincèrement, que la ministre de la Culture se bat pour réunir les conditions afin qu’ils puissent vivre de leur art. Nous œuvrons pour une production culturelle intense qui leur permettra de créer dans les meilleures conditions possibles, et de vivre dignement de leur art. D’où la bonne chose que représente la reconduction du programme de 1001 titres pour le monde de l’édition. Et pour les cinéastes, j’ai une bonne nouvelle, puisque nous avons obtenu que le FDATIC soit alimenté encore pour 2008, ce qui donnera à travailler aux réalisateurs, mais aussi aux comédiens, scénaristes, techniciens… Nous avons obtenu aussi des budgets conséquents des festivals, ce qui permettra aux musiciens, compositeurs et aux troupes de théâtre de se produire. Cela aussi, c’est le résultat d’ « Alger capitale de la culture arabe » qui a montré que la production culturelle a un prix, donc un coût. Reste les gens des arts visuels, je leur promets que dès le début 2008, tous les musées vont être réunis pour organiser au moins deux grandes expos par an, ce qui est déjà important. Je rappelle que nous partons de zéro pour compter jusqu’à un au moins. Les artistes bénéficieront aussi, de la création progressive de nouveaux musées qui sont appelés à acquérir des œuvres. Nous voulons aussi à terme, doubler au moins le nombre de festivals pour nous situer au niveau des pays voisins, non, par concurrence négative mais dans un esprit d’émulation. Donc, plein de projets et le principe qu’il vaut mieux mettre le paquet dans des stratégies qui créent des conditions durables en nous rapprochant toujours plus des standards internationaux. Merci.
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DEUXIEME PARTIE

Khalida Toumi. Ministre de la culture : « Il n’y a jamais eu de censure »

El Watan. 03/01/2008

Deuxième partie et fin de l’entretien avec la première responsable du secteur. Un panorama de la culture, vue du Plateau des Anassers.

Il existe deux fonds de soutien peu importants financièrement : le FDATIC pour le cinéma et le FDAL pour les arts et lettres. Qu’est-il prévu pour le soutien à la création ?

Je trouve déjà formidable qu’ils existent. Première conséquence d’Alger, capitale de la culture arabe, celui des arts et des lettres a été alimenté pour soutenir une nouvelle opération de 1001 titres, c’est dans la Loi de Finances 2008. Mais ce qu’il faut noter, c’est qu’on sort d’un compte spécial ad hoc pour aller dans un compte pérenne. Ce fonds est un moyen de soutien fondamental du livre, mais aussi du théâtre, et il va nous permettre de créer des Prix. Quant au FDATIC, vous le savez, il était alimenté à l’origine par un pourcentage prélevé sur les tickets d’entrée des salles de cinéma. Mais, dans leur écrasante majorité, celles-ci sont, soit fermées, soit en état de délabrement avancé. Donc, le FDATIC ne peut plus être alimenté par ce biais. C’est pourquoi nous nous sommes battus pour que, durant 4 à 5 ans, l’Etat continue à allouer une subvention afin que la production cinématographique ne meure pas. Cela ne veut pas dire que l’Etat doive financer la totalité d’un projet. Il apporte une aide complémentaire. On ne peut pas revenir aux années 70 avec l’Etat producteur, l’Etat distributeur, l’Etat tout ! Je dis cela avec tout mon respect et mon affection que j’ai pour les cinéastes. Un dossier a été soumis au gouvernement car l’Etat ne pourra ad vitam aeternam alimenter le FDATIC par budget. Il faut donc revenir progressivement au financement par le ticket. Nous avons recensé toutes les salles. La plupart sont entre les mains des APC qui n’ont pas les moyens de les gérer. Environ 10% relèvent des privés et le reste du ministère de la Culture, le réseau cinémathèque pour l’essentiel. Nous avons proposé donc que les salles reviennent à l’Etat. Le ministère de la Culture ne vise pas à les gérer mais à réhabiliter le parc existant de 380 salles. D’ici 2009, nous pourrons en réhabiliter 120. Ensuite, leur gestion sera confiée à des privés, mais pas n’importe lesquels. Qui n’est pas dentiste ne peut ouvrir un cabinet dentaire et il n’y a pas de raison que n’importe qui gère un cinéma. L’accès à la concession d’une salle, pourquoi pas pour 90 ans, sera ouverte à tout privé, mais il sera obligé, s’il ne l’est pas, de prendre un gestionnaire formé. Un cahier des charges très dur fixera ces modalités. Nous voulons inscrire l’opération dans le programme immense du Président de la République de 100 locaux d’activité pour les jeunes dans chaque commune. Un cinéma est un local qui crée de l’emploi. Nous commencerons par les jeunes que l’INADC a formés par centaines dans l’action culturelle. La majorité est au chômage, si bien qu’on n’en forme plus ! Ils recevront une formation complémentaire dans le cinéma et la gestion. Nous devrons aussi recréer un corps, malheureusement disparu, celui des inspecteurs de la culture, à raison d’au moins deux par wilaya, pour contrôler l’application des cahiers des charges.

Sur le modèle des écoles privées, maintenant soumises à l’inspection académique …

Absolument. Nous espérons pouvoir présenter ce programme en Conseil du gouvernement, car il faut son aval ainsi qu’un soutien financier public. Mais cela ne peut se réaliser qu’en adossant le programme à une Loi. D’où notre proposition de Loi sur la cinématographie qui, en principe avant la fin 2007, sera discutée au secrétariat général du gouvernement. C’est très important. Il y a encore des gens qui pensent que le cinéma n’a pas besoin de loi spécifique, que c’est une activité commerciale comme une autre. Oui, elle l’est aussi, industrielle même, mais elle a la particularité d’être culturelle, ce qui justifie une loi spécifique qui va permettre surtout de changer le statut du CNCA pour que ce levier fondamental se hisse au niveau du CNC français, marocain ou autre.

Certains films soutenus en 2007, n’ont pas encore été montrés, comme celui de Mokhneche, « Paloma Délice ». Pourquoi ?

Il a été produit dans le cadre d’Alger capitale de la culture arabe. On attendait une version en arabe, au moins sous-titrée. Ce n’est pas le cas et, de plus, on nous a remis un DVD. C’est quand même un film qui doit passer dans une salle de cinéma et pas sur un écran de TV, non ?

Savez-vous que cela a été attribué à de la censure ?

C’est de la folie furieuse. J’ajoute ceci : le film est passé en France, n’est-ce pas ? Eh bien, jamais il n’aurait eu son visa de censure dans ce pays si un certain pourcentage de la langue utilisée n’était pas du français (NDLR : 51 % des dialogues). C’est clair, net et précis. Il y a eu un problème avec un autre film, celui de J.P. Lliedo. On ne peut pas censurer un film qu’on n’a pas vu. Le réalisateur a signé un contrat pour un film de 52 minutes, il nous a ramené deux heures et demie de rushes, je dis bien de rushes, quel mépris ! Il n’a pas respecté son contrat. Vous avez signé pour 52 mn, vous remettez 52 mn. Le travail de montage n’a pas été fait. Qu’il se débrouille avec ses rushs. Je suis désolée que Lliedo en soit réduit à mentir pour se faire de la publicité. J’aurais voulu qu’il finisse autrement, vraiment, parce que c’est un ami par ailleurs.

Et La Maison jaune d’Amor Hakkar, pourquoi n’est-il pas passé encore ?

Sincèrement, je n’ai pas connaissance d’un quelconque problème. Il faudra poser la question à Aït-Oumeziane du CNCA. Il n’y a jamais eu de censure, je l’affirme encore.

Ni de problème de langue ? C’est un film en chaoui…

Nous exigeons que le film soit dans l’une des deux langues nationales. Pas plus, mais pas moins ! Je vais vous dire : nous avons copié presqu’à la lettre les règles du CNC français, en les adaptant, parce que nous estimons que c’est un exemple. Le beau film de Tsaki, tourné à Djanet, est en berbère sous-titré en arabe et il a été projeté. Respectons les contrats. Il n’y a jamais eu de censure. Heureusement d’ailleurs.

Parlons de formation. Pour commencer, de l’absence de spécialistes en ingénierie culturelle…

La formation sera la priorité en 2008. On ne pouvait pas tout faire en même temps. Le ministère s’est fixé des priorités. Tout le monde a constaté que la priorité a été donnée au patrimoine. Il était dans un état très dangereux avec une très belle Loi inapplicable car sans aucun texte d’application. Nous avons œuvré en termes de réglementation mais aussi de création des structures en charge. La lecture publique aussi nous a accaparés, ce qui a permis de lancer avec le ministère de l’Intérieur ce programme d’une bibliothèque par commune et je remercie M. Yazid Zerhouni de son soutien. Donc, avec d’autres chantiers, la formation va être « le » sujet de 2008, sans concession ni démagogie. Je tiens à dire que les instituts qui existent le sont grâce aux enseignants qui exercent dans des conditions très difficiles. Mais des matières fondamentales ne sont pas enseignées car nous n’avons pas assez d’enseignants. Donc, au delà de l’ingénierie culturelle, c’est tout le système qui est à réformer. De plus, se pose le problème du statut des enseignants, lié à celui des établissements eux-mêmes. Nous serons obligés de faire appel à la coopération. Nous avons commencé la réforme en transformant l’INADC en ISMASC (institut supérieur des métiers des arts du spectacle et du cinéma). Mais, avant le supérieur, il faut penser aux métiers intermédiaires, selon les standards internationaux. Que je sache, il n’y pas de cinéma spécifique, c’est un art universel. Un éclairagiste, un preneur de son, une scripte, un accessoiriste ne sont pas obligés d’être docteurs d’Etat.

Généralement, ces formations se font sur le tas et in situ, parfois accompagnées…

Nous devons arriver à monter des formations professionnelles qui permettent aux gens d’être très vite opérationnels pour que les films et les pièces se fassent convenablement et deviennent eux-mêmes des lieux de perfectionnement. Si l’on veut maintenant faire de l’académique, c’est une autre paire de manches et là, on crée du supérieur. Jusqu’à peu, l’Ecole des beaux-arts s’appelait « supérieure » mais elle ne répondait pas aux exigences d’un tel statut. Grâce au ministère de l’enseignement Supérieur qui a accepté nos demandes de dérogations, la majorité des enseignants a pu soutenir le magister, indispensable, comme le bac pour les étudiants. Nous avons décidé aussi, de créer une école régionale intermédiaire. Donc, le processus avance pour arriver à classer l’ESBA en tant qu’école supérieure hors université, telle que définie par la loi. Mais on ne peut pas arriver à une formation académique sur aucune base ! Quand vous dites Institut supérieur de musique, il n’a de supérieur que le nom et ce n’est pas la faute des enseignants, ni celle des étudiants. Il ne faut pas se dérober mais trouver des solutions. Certains étudiants débarquent avec le bac sans jamais avoir fait de musique de leur vie ! D’autres en ont fait, mais à titre personnel ou dans des associations. C’est mauvais pour l’étudiant, car on lui fait croire qu’on le forme. C’est mauvais pour l’Etat, car c’est de l’argent perdu. Donc, c’est tout le système de formation artistique qu’il faut repenser.

Le statut de l’artiste, ce fameux sujet récurrent. Où en est-on ?

Le problème numéro un de l’artiste, de par la nature de son travail, c’est la protection sociale, la couverture santé, la retraite, les allocations familiales… Dès que vous dites cela, se pose la question de la qualité d’artiste. Qui l’est et qui ne l’est pas ? De plus, qui décide de cette qualité ? L’administration d’autorité ? Les artistes eux-mêmes ? Qui ? C’est pourquoi notre réflexion a abouti à la nécessité de créer d’abord un organe, le Conseil national des arts et de la culture, composé en majorité d’artistes élus par leurs pairs et les partenaires : le ministère de la Culture mais aussi ceux du Travail et des affaires sociales, des Finances… Le premier objectif est d’établir la carte d’artiste : ses critères, ses modalités… Puis, de créer une mutuelle gérée par les artistes eux-mêmes et qui, je suis sûre, constitue la meilleure réponse. Pas d’assistanat. Un projet de décret de création de ce conseil existe. J’ai le regret de dire qu’il attend maintenant de passer depuis 2005. Nous espérerons qu’il sera programmé au plus tôt. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale est très ouvert sur la question et prêt à régler ce problème.

En 2009, 40 ans après, Alger doit accueillir à nouveau le Panafricain. Ressemblera-t-il au premier, bien que cela soit impossible ?

Vous êtes bien pessimistes. Pourquoi ?

Non, mais nous vivons une autre époque…

C’est une question prématurée. Nous avons maintenant une Agence de rayonnement culturel dont la mission est de faire connaître la culture algérienne à l’étranger et les cultures étrangères en Algérie. Nous l’avons chargée de réfléchir au programme de cet événement. Celui-ci sera exposé début 2008. La question a été aussi débattue au niveau des pouvoirs publics qui attendent cette proposition pour l’avaliser. A ce moment, le programme sera rendu public et l’administration mobilisée pour créer les conditions de travail aux créateurs et aux opérateurs.

Ameziane Ferhani
Zineb Merzouk