Organisation de spectacles, le dur métier d’«homme de l’ombre»
Posté par alger-culture le December 08 2006 21:42:54
L’activité est soumise à l’obtention d’une licence
Par : Kamel Amghar (La Tribune. 07/12/2006)


















Palais de la culture (cour intérieure), Alger
Nouvelles entendues
L’activité est soumise à l’obtention d’une licence
Organisation de spectacles, le dur métier d’«homme de l’ombre»
Jeudi 7 Décembre 2006
Par : Kamel Amghar

Réussir un spectacle culturel est incontestablement une question de professionnalisme et de finesse. Les hommes de l’«ombre» qui initient et managent des shows ne laissent, aujourd’hui, rien au hasard. Tous les détails sont minutieusement étudiés. Des programmes alternatifs sont même mis au point pour pallier d’éventuels contretemps. L’improvisation n’a, tout simplement, plus cours ni place. En plus des performances des interprètes proprement dites et de la qualité artistique de l’œuvre mise en scène, il y a les impératifs organisationnels qu’il va falloir réunir en parallèle. Satisfaire tous les caprices de l’assistance est une hantise qui occupe constamment l’esprit du manager. Offrir les meilleures conditions de travail sur scène, mettre en place un service d’information et d’orientation efficient, assurer la sécurité et le bien-être de tous les participants, anticiper les susceptibilités de tous les intervenants, proposer des prestations annexes et se prémunir pour pallier de probables déficiences sont autant de préalables qui déterminent le succès ou l’échec d’un événement culturel. La vulgarisation et la promotion antérieures du spectacle projeté, le rapprochement et la diversification des points de vente et des moyens de réservation, la ponctualité et le respect du planning annoncé, la mise en place et le réglage de toutes les installations techniques nécessaires, le bon accueil du public, l’animation et la décoration adéquates, l’éclairage adapté à la situation, l’agencement approprié de toutes les étapes de la manifestation exigent, en effet, des compétences bien assises et un savoir-faire certain. Qu’en est-il de tout cela chez nous ? D’abord, il convient de souligner que de pareilles circonstances sont de plus en plus rares pour ancrer une véritable culture du spectacle, fidéliser le public et, surtout, habituer les ménages à sortir de leur train-train quotidien. Lorsque de telles occasions se présentent, on l’apprend généralement par ouï-dire, puisque l’annonce et la publicité faites autour de l’événement sont communément très limitées dans le temps et également circonscrites dans l’espace. Et quand on se décide, enfin, à y aller voir, c’est comme si on jouait au loto. Nul ne peut prévoir la durée exacte du spectacle et le nombre de mauvaises surprises. Trop souvent, on est astreint à supporter, de longues heures durant, l’impréparation et les multiples défaillances de l’équipe organisatrice.
Pour un gala musical, par exemple, hormis quelques scènes montées et gérées par de véritables professionnels, on est presque tout le temps obligé d’attendre que la sonorisation -fréquemment indigente- soit installée au prix de désagréables effets Larsen. Il va falloir encore patienter pour permettre aux musiciens d’accorder leurs instruments.
Le début effectif des «réjouissances» se fait donc avec beaucoup de retard. La mauvaise qualité du son, les pannes habituelles de courant, l’animation besogneuse, l’encadrement approximatif de l’assistance et les fréquents dépassements parmi le public, sont autant de désagréments qui viennent, ensuite, irriter au lieu de divertir.
Avec de telles prestations, il faut s’attendre tout bonnement à la défection du public et au refus des grandes stars -soucieuses de leur image- de se produire sur de pareilles scènes. Alger s’apprête à accueillir «la culture arabe» dans les jours qui viennent. Il faut impérativement changer beaucoup de choses pour réussir un rendez-vous international de cette dimension. C’est dans cette optique que le ministère de la Culture avait récemment émis un nouveau décret exécutif fixant les modalités d’exercice de l’activité de promoteur de spectacles culturels, avec un cahier des charges qui se veut précis.
L’activité est désormais soumise à l’obtention d’une licence délivrée et renouvelable par le ministère de tutelle et ses directions de wilaya. Si l’initiative est incontestablement la bienvenue, est-elle cependant suffisante pour atteindre l’objectif qui lui est assigné ? Bien évidemment, cela dépendra de la compétence des prestataires qui auront à organiser les diverses manifestations pour le compte de l’Etat ou à titre privé. Un exploit qui repose, à son tour, entièrement sur la mission de contrôle qui échoit au département de Khalida Toumi.
La sélection rigoureuse des opérateurs à retenir, l’inspection quotidienne du déroulement des activités prévues, l’application effective des sanctions prévues par la loi en cas de non-respect des clauses du cahier des charges sont des dispositions susceptibles de pousser les organisateurs à se surpasser pour se hisser à la hauteur de l’événement.
Toute complaisance est, bien entendu, de nature à compromettre les efforts ainsi consentis. C’est à la clôture d’«Alger, capitale de la culture arabe 2007» qu’on jugera de l’efficience de ce décret. Il ne s’agit pas d’un test quelconque mais d’un test décisif.

K. A.