Pourquoi il faut dissoudre l’AARC
Posté par alger-culture le August 12 2014 11:52:14
Par Ammar Kessab. El Watan Week-End. 08.08.14
Créée en 2005, l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) a pour mission de concevoir et d’organiser des programmes d’actions culturelles algériens à l’étranger et de contribuer à l’organisation de manifestations culturelles étrangères en Algérie. Au fil du temps, l’AARC est devenue une institution puissante.
Forte par une subvention annuelle d’environ 23 milliards de centimes par an (hors revenus propres) et une équipe jeune, formée spécialement par une école parisienne en management culturel, elle est l’expression même du «tout Etat» dans le secteur de la culture, car devenue le premier entrepreneur culturel : production cinématographique, production littéraire, organisation de spectacles en Algérie et à l’étranger, etc. Elle est aussi l’agence d’exportation de l’image du régime à l’étranger.
Elle finance et organise directement des événements culturels spéciaux à l’intérieur même de grands événements internationaux, pour les présenter par la suite en Algérie comme étant des «hommages» spontanés faits à l’Algérie à l’initiative des organisateurs, un peu comme le «Cahier publicitaire sur l’Algérie» acheté au journal Le Monde en 2012 avec l’argent du contribuable. Lors de la rencontre de la nouvelle ministre de la Culture avec les acteurs du secteur cinématographique, il y a de cela quelques jours, plusieurs voix se sont élevées contre l’AARC devenue, pour beaucoup, une sorte de monstre qui souffle le chaud et le froid dans le secteur et qui fait tout et n’importe quoi.
Elle est en effet devenue un ministère dans le ministère. L’ultime preuve était la mise au point publiée par son directeur, la semaine dernière dans la presse, comme si l’agence était une entité sans tutelle. Dans cette mise au point, le directeur de l’AARC fait un aveu accablant après 12 ans d’une stratégie culturelle hégémonique mise en place par l’ex-ministre de la Culture et dont il était très proche : «Le chemin reste long pour pouvoir avoir une industrie cinématographique en Algérie !»
Il a été limogé depuis, mais il reste maintenant la dissolution de l’AARC pour créer à sa place une petite agence qui doit se contenter de la seule mission de sélectionner, sur la base de critères transparents, les œuvres algériennes et les artistes algériens qui représenteront l’Algérie dans des manifestations internationales.
Ammar Kessab