Festivals culturels nationaux et internationaux
Posté par alger-culture le April 17 2012 10:51:50
Quels bilans et quelles perspectives ?

Par Kamel Amghar. La Tribune. 28-03-2012

L’organisation d’un festival coûte très cher. Cela suppose la présence de beaucoup de monde avec la mobilisation de gros moyens matériels et logistiques.

L’Algérie organise annuellement près d’une centaine de festivals nationaux et internationaux. La musique, la danse, le cinéma, le théâtre, la BD et le conte sont célébrés lors de ces onéreuses manifestations. Faute d’une tradition de mécénat et d’une culture du sponsoring suffisamment développées, le ministère de la Culture «casque» pour l’instant seul afin de promouvoir la culture algérienne dans ses multiples facettes. L’effort de la tutelle serait louable s’il permettait, à moyenne et longue échéances, d’instaurer de saines traditions culturelles et d’asseoir une dynamique pérenne à travers l’implication de nouveaux acteurs dans la prise en charge de ce genre d’événements. Mais rien ne semble s’arranger jusqu’à présent même si certains festivals cumulent déjà plus de dix ans d’existence. Comble de l’ironie, il arrive que des commissaires, théoriquement chargés de l’organisation et du succès de ces rencontres, en boudent, eux-mêmes, les diverses attractions. Ils pointent à l’ouverture des festivités en présence des officiels, puis ils s’éclipsent pour réapparaitre au gala de clôture avec leurs illustres hôtes.

Afin de mettre un peu d’ordre dans tout cela, le ministère de la Culture a réuni récemment les commissaires de festivals pour en discuter, tirer des bilans et tracer des perspectives nouvelles. S’il est indéniable que ces grosses festivités contribuent à la popularisation de l’art en resserrant les liens entre différents intervenants de la sphère culturelle (artistes, producteurs et promoteurs), il est tout autant vrai qu’on est bien loin de l’efficacité requise. Manifestement, il n’y a pas de suite et de continuité dans le travail. Les retombées sur le champ culturel restent, par exemple, insignifiantes. La même inertie cloue le mouvement associatif. Les établissements culturels publics sont comme paralysés. A la clôture d’un festival, l’animation retombe et le désert s’installe de nouveau, alors que cela devrait, en principe, créer des mouvements divers et des interactions au sein des institutions publiques et parmi le tissu associatif. De telles opportunités sont censées servir de trait d’union entre les créateurs, les producteurs, les amateurs et le public afin de permettre un échange d’idées et d’expériences, le lancement d’initiatives nouvelles comme l’encouragement de la formation et la collaboration entre divers intervenants. Le ministère de tutelle qui subventionne tous ces festivals devrait être exigeant à l’endroit des organisateurs, en étoffant davantage son cahier des charges.

On pense naturellement à la formation, à l’encouragement des amateurs, à une meilleure synergie avec le tissu associatif local, à plus d’ouverture envers le public (écoles, universités, instituts, centres de formation et petites localités du pays profond) et à une présence plus active dans les médias et sur Internet. Car, il y va aussi de l’image du pays et des futurs rendez-vous à préparer d’ores et déjà. L’objectif principal d’un festival est de créer une dynamique culturelle et artistique durable à travers le développement des synergies entre ses différents partenaires. Il ne suffit pas de faire une grande fête et de disparaître pour revenir une année plus tard. Le ministère est aujourd’hui en droit d’exiger plus de présence et d’efforts aux commissaires et aux équipes qui sont les leurs. Ils se doivent, au moins, de justifier les gros salaires qu’on leur verse pour cela.