Constantine
Posté par alger-culture le September 25 2008 16:40:36
Espaces culturels cherchent désespérément opérateurs imaginatifs.

Par : Nasser Hannachi. La Tribune. 25-09-2008

Qu’a-t-on réellement innové dans les espaces culturels existants pour se permettre d’ériger d’autres édifices ? Le faire serait un amoncellement de salles à écho ajoutées aux autres. L’expérience de ce marasme a été vécue dans les années 1980 avec la location de toutes les salles de cinéma à des opérateurs privés. Une infraction sans équivoque au monde du 7ème art en deuil jusqu’à ce jour à Constantine. Les critères d’attribution des cinémas étaient loin d’une appréciation spécialisée. Pour preuve, quelques années plus tard, ils ont vu
leur vocation déviée en se transformant en lieu de détente…
S’il est vrai que l’Algérie a traversé une décennie noire même pour les écrans de cinéma, il n’en demeure pas moins que Constantine occupe «le haut du pavé» dans le manque de projections de films. Le Royal, l’Olympia, Versailles… on n’en garde que des noms, sans oublier «le Colisée». Il y a longtemps !! ce ciné-club qui faisait partie du casino municipal a été «abattu» dans des conditions confuses… Le glissement de terrain serait le motif évoqué pour détourner l’opinion des nostalgiques sur ce massacre. Ainsi, les cinémas de la métropole se cherchent dans un brouhaha de cinéphiles sevrés. L’heure n’est pas encore à la projection. Il est question de
réhabiliter toutes les salles récupérées par la commune il y a deux années après une action en justice intentée contre leurs occupants. Un budget conséquent a été débloqué par l’hôtel de ville pour la restauration de toutes les salles se trouvant dans un état de délabrement avancé. L’expérience du passé semble servir de leçon aux décideurs locaux. Une fois les espaces assainis, ils seront soumis à un cahier des charges bien élaboré par le propriétaire qu’est la commune et on compte faire participer le ministère de la Culture à des orientations bien précises sur la location.
En d’autres termes, le département de Khalida Toumi est le seul habilité à émettre des suggestions capables de faire tourner les bobines constantinoises. «Nous avons récupéré tous les cinémas appartenant à la commune.
Actuellement nous comptons les mettre sur pied après les avoir restaurés. Cela nécessitera des commissions ad hoc pour définir au détail près les clauses contenues dans le futur cahier des charges. L’opération devra être réalisée en étroite collaboration avec le ministère de la Culture», précise le maire de Constantine. L’APC a donc recouvré son patrimoine culturel. Reste à le valoriser pour peu que les autorités locales chargées de ce volet s’y mettent pour barrer la route d’emblée aux non-initiés du 7ème art au risque de laisser les salles sans rojections ? C’est pour cette raison d’ailleurs qu’on projette de consulter la hiérarchie. Khalida Toumi, qui a commencé par épurer les lieux utilisés pour des activités autres que culturelles, devrait assurément donner un coup de manivelle aux cinémas de Constantine. A commencer par son intervention dans la relance de la cinémathèque El Nasr relevant de son patrimoine et qu’elle a pourtant promis en 2007 de faire redémarrer. Toutefois, sa réfection et son équipement «désuet» semblent avoir renvoyé sa réouverture aux calendes grecques au grand dam des adeptes de cet univers de l’image. Pour ce qui est de la cinémathèque Cirta, connue dans un passé lointain pour des projections de grands films arabes, égyptiens notamment, elle demeure entre les mains de la justice en raison d’un problème d’héritage. Ainsi, les écrans des cinémas sont noirs pour longtemps. Les espaces culturels de Constantine, c’est aussi ses trois centres, l’un appartenant à la commune, l’université populaire et les deux autres dépendant du secteur de la culture. Il s’agit de la maison El Khalifa et du palais Malek Haddad. La gabegie y règne. En somme, la créativité est coincée entre deux fragments distincts. L’un constituant le monde de l’opportunisme et l’autre façonnant la culture des affaires.
Dès lors, il subsiste quelques volontés dans cet univers «extra culturel» pour maintenir un filon en vue de le voir un jour mis à profit loin des contraintes du business et du laisser-aller. Constantine ne se plaint pas d’un manque d’infrastructures, pour l’heure du moins. La ville revendique de nouvelles perspectives avec un sang culturel nouveau pour ressusciter ce riche patrimoine millénaire et, du coup, accorder l’occasion à d’autres
acteurs détenteurs «d’idées» pour s’exprimer.

N. H.